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L’histoire du soldat halluciné

À partir d’un conte russe et calquée sur le mythe de Faust, L’Histoire du soldat a inspiré en 1917 à Ramuz et Stravinsky l’étrange histoire d’un soldat qui a pactisé avec le diable. Le retour du concert donné à l’Opéra-Comédie.

Mais le fichu métier qu’on a, toujours en route jamais le sou ” dit le soldat et moi qui piaffe d’impatience à l’idée de ce rendez-vous avec Stravinsky, reste coincée sur l’autoroute , tellement longtemps que j’ai le temps de réviser … “Et puis aussi monsieur, si ce livre vaut tant d’argent, mon violon à moi, il m’a couté dix francs…” Seulement voilà : de ralentissements en répliques du diable (qui on le sait se cache dans les détails), me voilà hors jeu ! L’heure est passée et Joseph le soldat court tous les dangers loin de moi ! Ce contretemps me navre , un signe ? N’insiste pas ou alors ….”ma voiture pour te ramener, deux ou trois jours , un tout petit détour …” a dit le diable.

A grande tentation, grandes précautions : avec un horaire défiant tous les bouchons ou déviations , me voilà le lendemain à l’Opéra Comédie prête à découvrir la version mise en scène par Alex Ollé de ce conte musical créé en 1917 pour le théâtre ambulant. Il propose une installation scénique très proche des didascalies de Stravinsky et Ramuz : plusieurs niveaux de lecture de cette œuvre s’entrecroisent entre les acteurs , les musiciens et la projection habilement utilisée.

Décontenancée d’abord par les choix de l’auteur, je m’avoue vite séduite par l’idée d’un démon intérieur et d’un soldat au désarroi post-traumatique. Le conte devient une série d’hallucinations schizophréniques, très bien suggérées par les vidéos d’Emmanuel Carlier même si la scène de torture ne paraît pas indispensable. Misant sur le 3 en 1, Sébastien Dutrieux incarne les trois personnages principaux : le Narrateur, le Soldat et le Diable avec une fougue hallucinée.

La direction de Magnus Fryklund fait montre d’un brin de mollesse mais ne semble pas perturber les musiciens dont l’interprétation est sans faille :Thomas Callaux au trombone et Nicolas Planchon à la trompette relèvent un défi de clarté et de brillance et le solo de percussions du diable Philippe Charneux fait mouche. Rester sur le bord de la route sans découvrir ce spectacle eût été une vraie punition tant l’originalité du projet s’inscrit dans la ligne musicale du compositeur.

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