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A bord du Luna Blu, des joies et des peines

Navigateurs et parents d’un petit garçon de 6 ans, les Montpelliérains Jean-Luc Tollemer et Sandrine Locci ont décidé de témoigner de la richesse de la planète et de ses océans en allant, en voilier, à la rencontre de leurs habitants. Leur périple de Sète à Ushuaïa a commencé en septembre 2018 à Sète. La famille navigue à bord du voilier Luna Blu, propriété de la société Carbone-free, partenaire de cette aventure initiée par Planète en commun à Montpellier. Le 10 juin, ils se trouvaient à Piriapolis, une station balnéaire sur le Rio de la Plata, un fleuve frontière entre Argentine et Uruguay. 

Le billet #23

Comme on dit, la vie n’est pas un rio tranquille. Et de ce côté-là, s’il y avait un fleuve dont il fallait se méfier, c’est bien celui aux eaux sombres de La Plata (1).Nous, on se croyait pénards dans notre quartiers des étrangers, à compter les pingouins (2) nouvellement arrivés, qui slaloment insouciants, au milieu des bouteilles en plastique. On s’imaginait passer inaperçus comme les Journées mondiales de l’environnement et de l’Océan. Fondus dans les couleurs du port régulièrement baigné par la lumière du coucher du soleil. En fait, on nous a vu arriver avec notre mate sous le bras, comme un toubab (3) dans les rues poussiéreuses de Dakar. Confondant voilier et aspirateur à dollars, lequel manque à notre inventaire. Bref, on nous a généreusement fait un prix d’ami. Un supplément de bienvenue en Uruguay dont on se serait bien passé pour ne garder que ceux qui nous ont fait plaisir. Nobody’s perfect.

Sur un bateau, comme ailleurs, ce qui marche un jour ne marche pas toujours. Et de ce côté là à bord du Luna Blu on est à la limite de la magie noire. Ou de l’obsolescence programmée. Un cycle sans fin dans lequel une panne en chasse une autre rendant le problème assez relatif, voire banal. Comme s’il y avait toujours une petite panne qui mijotait sur le feu. Un p’tit problème à régler pour nous sortir de notre love boat. Et même si on avait avec nous un voilier entier de spare (4), 10 contre 1 qu’on aurait besoin d’un bon tourneur pour nous refaire une pièce à bord. A Buzios, Pierre un suisse exilé au Brésil, nous avait refait un roulement de barre pour quelques Reals. A La Paloma, Juan Andrès, notre ami uruguyen, nous avait aidé à réparer l’éolienne pour une poignée de pesos. Une communauté d’adjuvents rencontrés tout au long de notre parcours qui transforme presque les impasses techniques en bons souvenirs. Des Saint-Bernard qui nous laissent espérer que quasi rien n’est impossible et qu’on peut toujours être sauvé pour peu qu’on s’en donne un peu la peine. Si seulement.

A Piriapolis, c’est notre guindeau qui nous a lâché. Et de Funès qui nous a pris pour des corniauds, avec son tarif spécial Américains. Tourdumondistes plein aux as qui ne comptent ni leurs pannes, ni leur argent. Doux naïfs avec leur planète en commun. On lui a dit qu’il avait vu la vierge. Nous sommes dimanche 9 juin 2019 et il est 8h08 à Piriapolis et tout va bien pour l’instant à bord.

(1) Piriapolis se situe sur le Rio de La Plata, un fleuve frontière entre l’Uruguay et l’Argentine qui marque profondément l’histoire de ces deux pays. (2) Depuis une semaine des pingoins de Magellan que l’on retrouve aussi en Patagonie nagent dans le Rio de La Plata jusque dans le port. (3) Toubab est le nom donné au Tout blanc au Sénégal. (4) de rechange.

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