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Les cinémas de centre-ville tentent de regagner du terrain

Sète, Dieppe, Castelnaudary… Les ouvertures de cinémas refleurissent dans les centres-villes. Les communes, aidées par le plan Action Coeur de ville, consentent des efforts pour attirer les investisseurs. Les deux tiers des cinémas français se situent dans des communes de moins de 20.000 habitants. Pourtant, un tiers des ouvertures de salles sont le fait des multiplexes, souvent en périphérie.

Les centres-villes seront ils l’avenir du septième art ? Bien des élus veulent le croire, et se battent avec énergie pour moderniser et réimplanter des salles dans les villes de taille moyenne. La France reste un pays de « petits cinémas » : 56 % des établissements sont « monoécrans », selon la « Géographie du cinéma » du CNC. Les deux tiers des cinémas se situent dans des communes de moins de 20.000 habitants. La région Rhône-Alpes ne compte par exemple que 28 multiplexes sur 324 établissements.

Les cinémas d’art et d’essai sont donc concernés au premier chef par la vague de rénovation et d’investissements qui frappe le cinéma tricolore. Le septième art se porte bien depuis dix ans, et les exploitants doivent d’affecter une partie des recettes à un fonds (73 millions d’euros par an) destiné à la modernisation des salles.

La réouverture du Palace à Sète 

Un mouvement auquel les collectivités locales sont étroitement associées. Beaucoup sont propriétaires des murs, la France comptant 500 salles municipales et des dizaines de délégation de service public. « Depuis les années 1980, le secteur public a réinvesti les cinémas, et il y a une logique très forte de coopération entre collectivités et cinémas. Ces derniers sont au coeur de la plupart des projets urbains des collectivités », assure Marc-Olivier Sebbag, le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français.

Beaucoup figurent dans les projets Coeur de ville, ce programme de l’Etat pour revitaliser le centre des bourgs. C’est le cas notamment à Sète (photo ci-dessus), où l’exploitant de salles Véo, basé à Egletons (Corrèze), va ressusciter fin novembre le Palace, cinéma mythique fermé en 2011. Véo a investi 350.000 euros dans la modernisation de trois salles. « Le nouveau Palace, c’est une institution qui renaît au centre-ville », souligne François Commeinhes, maire de Sète. « Il faut empêcher la fuite des spectateurs vers Montpellier. » Il s’agit de renforcer l’offre cinématographique, quasi inexistante autour du bassin de Thau. Non loin de là, Frontignan souhaite réaliser quatre salles, toujours dans un souci collectif – mais peu coordonné – de combler ce retard à l’ouest de Montpellier.

Projets à Castelnaudary et Toulouse

Véo, qui emploie 100 salariés pour un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros, porte d’autres projets de cinémas en centre-ville. A Castelnaudary, trois salles vont ouvrir le 6 décembre. 3 millions d’euros ont été investis, avec le soutien de la région, du département, du CNC et de la commune. « La ville a voulu implanter cet équipement en ville, sur un foncier lui appartenant. Une logique économique plus immédiate eût été de choisir un foncier au niveau de l’échangeur autoroutier », explique Jean Villa, le directeur de Véo. A Andernos, en Gironde, Véo investit 4,5 millions d’euros dans la construction d’un cinéma de quatre salles, sur un foncier cédé par la mairie. A Toulouse photo ci-dessus), l’opérateur porte deux projets, l’un dans le quartier de la Cartoucherie, à travers la réhabilitation d’une ancienne halle industrielle, et l’autre à Colomiers, en zone de revitalisation urbaine. « Nous prévoyons la construction de cinq salles. La ville nous a proposé une DSP long terme. Nous pensons que le cinéma doit se trouver au plus près des activités culturelles et sociales d’une ville. »

Halle à tabac reconvertie à Dieppe

A Dieppe, l’ancienne halle à tabac va accueillir le 15 novembre un cinéma de huit salles, moyennant 8 millions d’euros d’investissement. Comme à Sète, il s’inscrit dans le plan Action Coeur de ville et bénéficie d’un accompagnement de la Banque des Territoires. « Les Dieppois sont attachés à ce bâtiment emblématique. La brique et la charpente sont préservées. Les rails sur lesquels arrivait le tabac sont remis à nu. Ce projet réveille une fibre historique et sociale de notre cité », s’enthousiasme Nicolas Langlois, le maire. La ville a concédé une grosse remise à l’investisseur, Jean-Edouard Criquioche, président de Ciné Dieppe, pour le convaincre de rester en ville. « Nous avons vendu le bâtiment 650.000 euros, un montant deux fois inférieur à l’estimation des domaines. Il est moins coûteux de construire une boîte sur le parking d’un hypermarché. Mais les conséquences pour le territoire ne sont pas les mêmes. »

Centre-ville contre multiplexes ?

Le débat est prégnant dans les agglomérations. Certains, comme Jean Villa, directeur général du holding Sagec-Cinéma, propriétaire de Véo, veulent croire que les CNAC ont tendance à « verrouiller » davantage les projets en périphérie. Mais en 2018, 6 des 18 ouvertures de cinéma tricolores ont été le fait de multiplexes et 6 autres d’établissements « monoécrans ». La part des multiplexes a cru de 2,4 points. Et d’un cinéma à l’autre, ce sont parfois les mêmes propriétaires. « Les marchés du cinéma sont des marchés locaux. Au vu de la taille de ces marchés, les circuits n’ont pas toujours intérêt à investir les petites villes », rappelle Marc-Olivier Sebbag.

@Les Échos, Hubert Vialatte avec Laurence Albert

Photo de UNE : Le cinéma Le Palace, fermé depuis 2011, réouvre fin novembre à Sète.

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