SALIM ZEIN : Elle est née du confinement. D’habitude, on se met autour d’une table, à plusieurs avec des ordinateurs portables ou fixes; certains vont s’occuper du son, d’autres du design, ou dessiner les personnages, un autre va coder, et tous ces éléments vont s’imbriquer les uns dans les autres comme dans un puzzle. Sauf que là, on ne pouvait plus le faire. J’ai alors suggéré que l’on fasse ce qu’on fait d’habitude mais chacun chez soi. C’est comme ça que cette idée est née.
Comment a-t-elle été possible techniquement ?
Avec la plate-forme Discord, qui est notre nouvelle table de travail. C’est un média un peu spartiate, qu’il faut apprendre à maîtriser et super malin -le rêve du professeur geek-. Vous n’avez aucun problème de droit. Vous pouvez importer toute sortes de vidéos etc… C’est très bien.
Qui étaient les participants ?
On a eu des fidèles, des gens que l’on ne connaissait pas du tout, des équipes régulières qui reviennent dont l’une de la Faculté des sciences de Montpellier. Il y a aussi des créateurs isolés, des lycéens de Lodève, des joueurs dans le monde entier. Et puis pas mal de nos élèves des Maisons pour tous avec des parents enthousiastes !
Vous avez sollicité des parrains prestigieux à chaque fois.
Le bout du monde n’existe pas aujourd’hui. Montpellier peut-être un centre du monde, d’autant plus dans ce secteur où elle a une vraie réputation. Par exemple, notre premier parrain, américain, le concepteur-star Chris Foster, y avait déjà été invité. Comme notre association anime des ateliers à travers le réseau des Institut français, nous avons pu activer nos contacts. C’est dans ce cadre que nous avons obtenu le parrainage de UDS, l’association de développeurs du Bahreïn. Je suis heureux d’avoir au aussi le concours de la Française Jehanne Rousseau, couronnée récemment “personnalité de l’année en France du jeu vidéo” (Pégases du jeu vidéo). Ou encore, la britannique Joannah Summers, à l’initiative de la Global Game Jam, la plus importante dans le genre au monde. Hélas, j’ai contacté des personnalités du jeu vidéo montpelliérain qui m’ont répondu qu’elles étaient trop occupées…
Enseigner le jeu vidéo aux enfants ne vous pose pas problème ? On sait que l’OMS a mis en garde contre l’addiction au jeu vidéo !
Le jeu vidéo est le nouveau rock and roll. Il y a 60 ans, on jouait de la guitare électrique, il y a 30 ans du synthétiseur, aujourd’hui du jeu vidéo. On peut le dire autrement : il a la place qu’avait à un moment donné la radio ou la télévision. C’est une nouvelle culture ! Je suis un ancien enseignant défroqué qui a osé utiliser une Play station 3 pour expliquer les bases de la physique élémentaire dans un de mes cours. ECDC a commencé là. Quant à l’OMS, elle a un peu tout dit et son contraire. Pendant le confinement, elle a jugé que c’était un bon moyen pour aider les jeunes à rester à la maison… Le Judas d’hier est devenu un ange-gardien.
La pandémie a vu l’explosion de la consommation du jeu vidéo, et le succès du nouveau jeu Animal Crossing… Qu’en pensez-vous ?
Si la créatrice du jeu Animal Crossing voulait nous parrainer, on en serait ravis… Il y a eu un autre jeu, dément : « Dreams », sorti en février dernier, produit par le studio anglais Media Molecule, qui est un générateur de rêve ! Mais nous ne travaillons pas sur ces jeux. J’aurais quand même l’impression de servir la soupe. On préfère revenir à la base avec des outils simples, qui ne coûtent rien et se réunir entre concepteurs même à distance. Je n’ai pas plus d’états d’âme que cela sur le jeu vidéo. C’est comme le judo. On va utiliser la force de l’adversaire pour faire autre chose…
Quel est l’avenir de la Game Jam aujourd’hui ?
Forts de cette expérience, nous lançons des cours en ligne de fabrication de jeux vidéo que nous appelons du même nom “Maman j’ai raté l’école”. C’est unique en France ! Et pour assurer la continuité de la Game Jam, nous avons prévu d’organiser le « Arcademie Camp », un Festival créatif d’une semaine de la jeunesse autour du jeu vidéo, à la Secret Place, à Saint-Jean-de-Vedas, du 20 au 24 juillet 2020 prochains. Un camp de jeunesse pendant lequel tout le monde pourra participer à la création d’un jeu de A à Z.
Les jeux sont visibles sur la plate-forme https://itch.io/
Association d’insertion par le jeu vidéo pour des enfants, des adolescents, des personnes éloignées de l’emploi, des services civiques… ECDC Arcadémie est joignable par mail : ecdc.bureau@gmail.com/ou par FB : ECDC Arcademie
Ci-dessus : une des illustrations de la game Jam par Romain Cauquil.
