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Un grand rire collectif post-Covid au Printemps des Comédiens

« L’ennemi du peuple » mis en scène par Jean-François Sivadier a secoué de rire le public du Printemps des Comédiens. Une bonne humeur ensemble si précieuse après la pandémie dans un festival humain qui nous a fait du bien.

 

 

Les after du Printemps des Comédiens dans la pinède du domaine d’O, aux guirlandes poétiques, sont enchanteurs. Et de plus en plus chics : Gianni Forte, directeur de la section théâtre de la prestigieuse Biennale de Venise et Francesc Casadesús, le directeur du renommé Grec Festival à Barcelone étaient présents le soir de la première représentation de “L’ennemi du peuple”. Bien que très réduit, et avec un public bien moins dense, le festival montpelliérain a tenu son rang.

Lors d’une discussion, le soir-même, avec Jean-François Sivadier, le metteur en scène a expliqué qu’il n’avait pas eu à forcer le trait : « L’ennemi du peuple » de Ibsen est d’une cruauté inouïe. Imaginé par un metteur en scène à cran, mal remis de l’interdiction de ses « Revenants » , c’est un sommet de théâtre tribunicien où il règle ses comptes avec son pays, en dénonçant la pollution des eaux thermales d’une cité côtière du sud de la Norvège.

L’ennemi du peuple, c’est celui qui a dénoncé cette pollution. D’abord célébré pour son courage, le docteur Stockmann -personnage fameux du théâtre du 19è siècle- vivra un lent bannissement dans cette pièce des retournements de veste. Mais chez Ibsen, personne ne gagne. Il met dos à dos « l’indescriptible bêtise des autorités » et la dérive narcissique de son lanceur d’alerte.

Le même « Ennemi du peuple » de l’allemand Thomas Ostermeier, grand spécialiste du dramaturge norvégien, proposait au festival d’Avignon en 2013 sa lecture bien plus trash et tragique que cette proposition délurée de Jean-François Sivadier qui exploite à sa manière l’ambivalence de cette pièce en équilibre entre tragédie et comédie.

Nicolas Bouchaud, l’un des acteurs les plus bankable du théâtre français, y a déployé son jeu puissant et subtil , s’est joué des poncifs du jeu d’acteur tout en livrant une performance totale, portant le jeu de la troupe, occupant l’espace.

Le public était l’acteur ajouté de la pièce. Il a été interpellé, admonesté séduit, impliqué. On lui a demandé de dire s’il votait ou pas pour le médecin : “Que ceux qui disent que le docteur est un ennemi du peuple restent assis !”. Une spectatrice-journaliste a été invitée sur le plateau de l’amphi d’O pour un instant d’anthologie. La « théâtralité ludique » de Sivadier a fait merveille et rencontré un grand désir de légèreté et de fraternité du public.

 

Photos : Jean-Louis Fernandez.

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Monica
Monica
2 années il y a

Bravo pour la synthèse et bizzz de
« l’instant d’anthologie « !

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