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Le festival de Radio-France a remis en cause son totem : adieu la gratuité !

Fondateur du festival, René Koering s’est dit attristé par l’abolition de la gratuité du festival qu’il a fondé en 1985. Un changement assumé par Jean-Pierre Rousseau qui évoque une évolution de la demande des artistes. Un festival régional notoirement recentré sur l’Hérault qui s’ouvre à Montpellier ce jeudi 15 juillet avec un concert baroque du fidèle Hervé Niquet. Une édition assez peu classique, bourrée de pépites comme le pianiste israélien de 17 ans, Yoav Levanon (photo).

 

Jean-Pierre Rousseau n’hésite pas à le dire : la pandémie a poussé à une véritable « reconstruction » du festival. En tenant compte d’une jauge à 1000 personnes (sans obligation de contrôle sanitaire), il y aura moins de monde à chaque concert mais davantage de productions. Certains concerts ont été annulés notamment le Bacchus de Massenet, initialement prévu le 26 juillet, l’effectif requis d’orchestre et de chœur étant impossible à réunir. Enfin, les entr’actes ont été supprimés.

Mais le changement majeur est ailleurs. Depuis sa création en 1985, à l’initiative du maire Georges Frêche et sous la direction de René Kœring, le festival a affirmé la volonté d’amener un public le plus large possible à la découverte d’univers musicaux les plus divers. Tel était LE credo initial. Dans cette perspective, des concerts gratuits étaient quotidiennement proposés. Les temps changent. Avec le Covid, la considération du public envers les artistes a évolué. En devenant “non-essentiel ” dans la bouche du gouvernement, le monde de la cultur a réalisé en 2020 la fragilité de son existence-même et l’incertitude de son devenir. La nécessité d’une reconnaissance est devenue un leitmotiv : remettre la culture à une place incontournable et offrir aux artistes une juste rémunération de leur travail.  « La gratuité peut sembler méprisante envers les artistes et d’ailleurs nombre d’entre eux refusent ce système qui ne correspond plus à la période difficile que nous venons de traverser » précise Jean-Pierre Rousseau. De fait, le public privé de longs mois durant du contact direct avec les œuvres et les artistes, semble plus enclin à les soutenir financièrement.

Un Pass à 20€

Un Pass Festival est proposé au prix de 20€ (10€ pour les moins de 30 ans et les chômeurs, gratuité pour les moins de 16 ans ) qui permet d’accéder aux 60 concerts programmés en journée, uniquement sur Montpellier. En région, les politiques tarifaires peuvent varier selon les municipalités. Il suffira lors de son achat de sélectionner les concerts choisis. Autre changement, une seule catégorie de places pour les concerts en soirée : les billets seront tous à 25 € avec possibilité de choisir un tarif à 50 € en soutien au Festival.

Joint par téléphone, le fondateur du festival, René Kœring se déclare attristé par cette décision : « pour moi, la démocratisation de la musique passe par la gratuité. C’est cette liberté qui amène un public de non-initiés à la rencontre d’œuvres qu’il n’aurait jamais abordées. Les concerts gratuits c’est quoi ? Cent mille euros maximum sur le budget du festival, le public les a déjà payés avec ses impôts !” Il reconnaît cependant que les temps ont changé. Quant il cite des noms prestigieux dont Rostropovitch ou Nathalie Dessay qui acceptèrent de baisser leur cachet de façon drastique pour participer au festival, il admet en même temps que la multiplication des festivals de grande qualité a changé la donne et ne permet sans doute plus aux organisateurs actuels les négociations serrées de l’époque. Le festival de Radio France était alors LE rendez-vous de l’été et partageait les plus grandes têtes d’affiche avec Aix-en-Provence et Orange ; aujourd’hui beaucoup de musiciens et de chefs célèbres ont créé leur propre manifestation ouvrant d’avantage d’opportunités aux artistes.

Un ancrage montpelliérain 

Autre inflexion de cette édition 2021 : désormais membre du conseil d’administration du Festival, le maire de la ville Michael Delafosse milite pour un festival solidement ancré à Montpellier. Une volonté de recentrage qui pourrait contrebalancer un rééquilibrage en région toulousaine réclamé de son côté par la présidente de région Carole Delga. Cette année, l’Hérault reste nettement en tête sur les 12 autres départements d’Occitanie avec pas moins de 120 concerts et une présence très régulière des musiciens de l’Orchestre national de Montpellier.

Un festival « éclectique et surprenant »

Des surprises au programme comme cette journée 2 en 1 qui aura lieu le 21 juillet où le chiffre 1 évoque des “premières” créations comme Vol de nuit du jeune français Thomas Enhco ou encore un week-end De la terre aux étoiles qui mêlera Bach, Messiaen, Debussy, Gershwin ou encore Iannis Xenakis dont les Pleïades seront interprétées par les percussions de l’orchestre national de France.

Au piano, deux jeunes pointures au programme : Alexandre Kantorov en qui on devine un futur Glenn Gould et Yoav Levanon, un époustouflant israélien de 17 ans à écouter dans un programme alliant Gershwin à Liszt . Et la soirée de clôture dédiée à la somptueuse Sonya Yoncheva (photo), une fidèle du festival et son chef de mari Domingo Hindoyan à la tête de l’Orchestre National Montpellier Occitanie .

Rien ne serait possible sans la relation privilégiée entre les solistes et le festival qui répondent présent contre vents et marées et cette année ce sera un bon festival, éclectique et surprenant” annonce Jean-Pierre Rousseau. A ne pas rater : l’opéra « Denys et Katia » de Philip Venables (créé à Philadelphie en 2019) dont ce sera la première en Europe.

Pour tout savoir, c’est ici.

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