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Un Brassens ça cent ans !

Grandiose, intelligent, plein de trouvailles : retour sur le concert au théâtre Jean-Claude Carrière à Montpellier dédié à Georges Brassens, dont on fête le centenaire de la naissance, avec François Morel et Juliette.

Disons le : la très bonne idée, osons même l’idée de génie, c’est d’avoir confié à François Morel le soin d’orchestrer la soirée anniversaire au jour dit (22 octobre). A lui donc, en bon maître de cérémonie, le soin de souffler avec sa bande d’ami(e)s complices les cent bougies du gâteau d’une année riche en rendez-vous de toutes sortes. En sa ville natale d’abord et avant tout.

L’île singulière a eu le nez creux -et l’élue en charge de ses festivités Jeanne Corporon, en digne fille de Henry Delpont condisciple du mauvais sujet repenti- était tout spécialement habilitée à orchestrer l’ensemble de ces divers événemens. Aidé en cela, par Bernard Lonjon biographe et fin connaisseur de l’œuvre complète d’un des moustachus les plus célèbres du pays. A Sète donc mais aussi à Paris avec le Hall de la chanson.

Sur la photo, François Morel et Juliette pendant les répétitions @CM Toussaint.

Montpellier ne voulant pas être en reste, on y a vu une soirée sous la direction de Stéphane Sanseverino à l’Opéra Comédie pour une revisite résolument rock dans le cadre des «IG». Et donc ce concert à Sète, le jour-anniversaire. Spectacle transporté ensuite les 25 et 26 octobre à la salle Jean-Claude Carrière du Domaine d’O. Et ensuite joué à Narbonne le lendemain et jour suivant. Avec un souhait pour les nombreux frustré(e)s n’ayant pu trouver de place que ce spectacle tourne encore et encore.

Lequel s’est révélé grandiose intelligent, plein de trouvailles, d’idées de génie. Comme celle par exemple de faire interpréter les “Quatre bacheliers” à 4 voix ou “Les Passantes” et “La non-demande en mariage” par une voix féminine. Ce fut loin d’être un simple récital de plus autour du répertoire du maître avec l’impérial François Morel qui mène tout son petit monde autour de sa magique baguette.

L’époustouflante Juliette

La seconde recrue d’importance, c’est dame Juliette. Un triomphe à elle seule tant à Sète qu’à Montpellier. Il faut dire que son interprétation de “Hécatombe” en simili rap est à tomber. Et sa reprise de “La complainte des filles de joie” enterre celle de Josiane Balasko qui était pourtant déjà sacrément balaise. La poésie de François Villon lui va aussi à la perfection pour encore et toujours s’interroger : «Mais où sont les neiges d’antan ?». Et lorsqu’enfin elle fait entonner au public “Gare au gorille”, elle finit définitivement par mettre tout le monde dans sa poche.

On a bien aimé aussi le sketch et l’intro de François Morel en prélude à l’interprétation de «La supplique pour être enterré à la plage de Sète» et de ses 07’17’’ effective. Très très émouvant d’entendre depuis Uzès Jean-Louis Trintignant réciter “Le grand chêne”. Les autres membres de ce petit équipage, pas très triste pour un sou, sont eux aussi bourrés de talent. Il y a là Thibaud Defever, l’autre moitié du duo «Presque Oui» (Marie-Hélène Picard qui complétait cette belle paire emportée par le crabe, il a quinze ans).

Sur scène aussi, les si talentueuses Judith Chemla comédienne et autrice mais qui se révèle plus que ça encore et Lucrèce Sassella à qui incombe le soin de ponctuer le spectacle d’extraits de «Les amoureux des bancs publics» en diverses langues. Précédé du début de «Heureux qui comme Ulysse» avec cet aveu du Georges répété en boucle : “Je n’aime pas beaucoup les voyages. J’en fais assez avec l’imagination“.

Partageant également le plateau avec eux, le multi et brillant instrumentiste Amos Mah, habitué de la scène parisienne du Théâtre du Rond-point. Enfin, impossible d’oublier Antoine Sahler, complice depuis des années, pianiste et chanteur et auteur de trois albums lui-même de très belles factures.

Ces soirs de « Brassens a 100 ans », nous avons bien navigué nous aussi en père joyeusement peinard et tant pis pour l’ami Bertrand Dicale* si ses oreilles ont sifflé à maintes reprises : le spectacle à bien été ponctué par l’incontournable «Copains d’abord»… Grand merci à tous, c’est pas tous les jours qu’on rigole parole, ni qu’on a le loisir de visiter l’appartement témoin du bonheur.

*Journaliste et critique, auteur entre autres écrits de Juliette Gréco mais aussi de Brassens (en 2011) et du «Dictionnaire amoureux de la chanson française». Dans le mensuel de chanson «Serge» en 2009, il se lamentait que dans nombre de festivals, on ne pouvait pas échapper à la célèbre chanson de Brassens écrite pour le film «Les Copains» d’Yves Robert (1965).

A écouter sur France Inter, ici.

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