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Dans “Spencer”, Kristen Stewart est une Lady Di plus vraie que nature

Ce faux biopic raconte les dernières vacances de Noël de Lady Di avec la famille royale qui auront poussé la princesse, aux prises avec sa santé mentale, à mettre fin à son mariage avec le prince Charles. Distribué en France seulement sur Amazon Prime, le film déploie des intérieurs brumeux et une Kristen Stewart époustouflante qui a décroché sa première nomination aux Oscars pour ce film.

La fiction, une nouvelle perspective pour une histoire sur-médiatisée. “Fable inspirée d’une véritable tragédie”, “Spencer” imagine la visite de Diana à Sandringham à Noël 1991, soit un an avant que son divorce avec le prince Charles ne fasse les unes. Le réalisateur et producteur chilien le précise d’emblée, ce n’est pas un biopic, ce n’est pas un récit d’événements : c’est de la fiction. Atteindre l’exactitude historique n’a rien à voir avec les intentions du film.

Derrière les tabloïds, un cauchemar

L’histoire commence la veille de Noël. Une effervescence prend peu à peu possession du domaine, avec une débauche de moyens dédiés à la famille royale. En privé, Diana (Kristen Stewart) et Charles (Jack Farthing) sont séparés, mais Diana est encore obligée de sauver les apparences et d’assister au Noël traditionnel à Sandringham avec la belle-famille. De l’autre côté, sur une longue route calme et tranquille, un cabriolet qui transporte, lui, la princesse Diana. Au cours de cette superbe séquence d’ouverture d’une quinzaine de minutes, la préparation au pas de charge de la maison familiale contraste avec le périple de Lady Di jusqu’à son arrivée au domaine. Sa première réplique de notre héroïne – “Et merde, fallait que je me perde” – préfigure les révoltes silencieuses (ou silenciées ?) à la révolte.

Ce sont ces aspects du personnage qui font de Kristen Stewart une actrice si parfaite pour ce rôle, particulièrement dans cette période de tensions spécifique où Diana se détache de plus en plus de la famille royale, tout en restant liée à son rang et (évidemment) à ses enfants. Quasiment la seule non britannique au casting, l’actrice aurait rapporté se sentir comme une étrangère sur le plateau. Ainsi, quand on voit Lady Di assise à la table du dîner, ce n’est pas seulement son physique nerveux et sa réticence à manger qui la distinguent des convives, mais le fait que c’est cette actrice qui l’incarne.

Le scénario est signé Stephen Knight, le créateur de “Peaky Blinders” pour la BBC. Les dialogues sont profondément poétiques, empreints de sonorités douces-amères, fondées sur l’ironie dramatique qui sous-tend l’ensemble du récit. Bien sûr, on sait tous comment ça se termine en réalité, on connait tous le sort de Diana Spencer.

La boulimie au cœur du drame

Le personnage principal du film est la boulimie de Diana. À son arrivée à Sandringham, elle est pesée à contrecœur par le nouveau page. Une véritable tradition à Noël qui remonte à Édouard VII, et qui consiste à peser les convives avant et après les festivités pour s’assurer que tout le monde “a été bien nourri”. Diana se sent enfermée par cette tradition. Sa pathologie alimentaire accentue l’austérité caractéristique de la vie de la famille royale. Son invisibilité se manifeste par contraste avec les repas interminables, la dizaine de tenues prévues pour ces festins… L’abondance de nourriture, l’infidélité omniprésente de Charles déclenche inévitablement des crises. À l’intérieur du domaine, elle est sous surveillance constante et tenue à une routine rigide, deux choses incontestablement incompatible avec sa maladie. Ce trouble du comportement alimentaire exige le secret et le cloisonnement de chaque facette.

Fascinante Kristen Stewart

La performance de Kristen Stewart est enivrante. L’extrapolation psychologique du réalisateur Pablo Larraín et l’étrangeté du huis-clos royal produisent une expérience sensorielle particulière. On saluera la ressemblance assez surprenante de l’actrice avec la défunte princesse, et sa capacité à raviver de l’empathie chez le spectateur. Même face à des acteurs chevronnés comme Timothy Spall et Sally Hawkins, Stewart parvient à retenir l’attention. Elle incarne à la perfection les multiples facettes de Diana Windsor née Spencer ainsi que la période charnière où la façade royale se fissure. La partition de Jonny Greenwood, le guitariste principal de Radiohead, soutient la tension qui poursuit la princesse jusqu’à sa sortie du domaine. Elle produit chez le spectateur, tout comme chez Diana, le même vertige. Surréaliste et visuellement superbe, la photographie de Claire Mathon magnifie la fable imaginée par Pablo Larraín et en fait un chef-d’œuvre.

Spencer, à voir ici, pour les abonnés PrimeVideo.

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