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“Guacamole vaudou”, l’hilarant roman-photo de la start-up nation

Présent à la Comédie du Livre, Fabcaro, dessinateur-scénariste bankable, invite l’acteur Éric Judor dans “Guacamole Vaudou”, le roman photo d’un loser qui connaît une réussite fulgurante après un stage vaudou : un coup de maître publié au Seuil.

Éric Judor pose plus de 200 fois pour incarner Stéphane, salarié d’une quarantaine d’années dans une grande entreprise de communication des années 1970-1980. Dans le modèle dominant, Stéphane est aux antipodes de la réussite. Risée de ses collègues de travail, il vit seul, sans enfant et est toujours puceau.

Master boss managing winner 

En deux jours seulement, son quotidien va basculer. Il participe à un “week-end découverte vaudou”, durant lequel le gourou lui promet d’être “différent de ce qu’il était avant de repartir d’ici”. Une fois quelques activités loufoques effectuées comme égorger du poisson pané, Stéphane tient enfin les clés de la réussite. Démarre alors une ascension fulgurante. Son train de vie de loser se métamorphose en celle d’un winner américain, gravissant les échelons de son entreprise (il devient “master boss managing winner”). Désiré par toutes les femmes, il est idolâtré par un public fanatique des parcours types self-made-man : courageux et risquophile. Star mondiale de l’entreprenariat (il communique même avec Mark Zuckerberg), la dernière partie du roman porte sur ses ambitions présidentielles.

Au fil du roman, Fabcaro dresse une satire du monde de travail issue de l’économie managériale. Le modèle start-up est très régulièrement tourné en ridicule notamment par la répétition à outrance du lexique qui le caractérise (“dynamisme, avenir compétitif, stock-option”). Tout ceci se complète à merveille avec les poses d’Eric Judor, ses traits de visage grossiers et les costumes kitchs et excentriques des 70’s.

Le roman photo : un genre résurgent 

La singularité de l’ouvrage est dûe à son support, que l’auteur a su utiliser en restant fidèle à son univers : “le roman-photo fonctionne au travers de dessins très figés et de textes décalés, pas si loin du style de mes albums”, a-t-il confié au Monde. Bien que l’idée du roman photo vienne de l’éditrice Nathalie Fiszman, le dessinateur montpellierain s’y était déjà penché quelques années auparavant, en quête d’inspiration pour sa BD absurde “Et si l’amour c’était aimer” : “J’y suis revenu une première fois en retombant sur des romans photos aux puces. Je me suis dit que c’était un support idéal pour raconter une histoire fleur bleue, car c’est très codifié. Et plus c’est codifié, plus on peut s’amuser avec ça. J’ai trouvé que ça pouvait être un super support d’humour” (à la librairie Mollat).

Le roman photo a été popularisé après la seconde guerre mondiale. À l’époque, le genre grouillait d’histoire d’amour très premier degré (comme dans le magazine “Nous Deux”). Peu à peu, le style s’est décomplexé jusque dans les planches les plus trash de “Hara-kiri” dans les années 1960-1970.

Le genre  connait aujourd’hui une seconde vie et se diversifie. Chaque auteur y trouve se compte, de l’humour avec “Guacamole Vaudou” aux questions de société, que le photojournaliste Vincent Jarousseau aborde dans “L’illusion nationale : deux ans d’enquête dans les villes FN” ou “Les racines de la colère”.

Effet de mode ? Peut-être. En attendant, cette renaissance de genre ouvre de vastes champs créatifs.

Guacamole Vaudou au Seuil, 80 pages, 18,50€.

Fabcaro dédicace sur le stand de la librairie En Traits Libres le samedi 21 mai dans l’après-midi.

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