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Le dialogue malicieux de Viallat et Saytour à Aubais

À Aubais où ils vivent, Claude Viallat et Patrick Saytour, deux vieux amis du mouvement Support/Surface, un courant majeur de l’art du XXe siècle né dans la région, se sont jetés un défi créatif dans l’espace du château.

Non loin des taureaux au pré, des cigales aux décibels puissants rivalisent avec les rires de messieurs en chemises camarguaises qui claquent la bise à des élégantes chapeautées de paille : aucun doute possible, nous  voici dans le Gard  et plus précisément  à Aubais un joli village où même les empègues (dessins traditionnels  au pochoir) sur les murs des maisons font un clin d’oeil au célèbre haricot de l’enfant du pays. Ici résident et travaillent deux vieux amis, Claude Viallat et Patrick Saytour, membres fondateurs du mouvement artistique Support/Surfaces.

Un mouvement artistique du sud de la France

Le Montpelliérain Vincent Bioulès baptise ainsi en 1970 un courant qui redéfinit la peinture à partir de son matériel premier : le Support (châssis en bois) et la Surface (la toile). La répétition s’impose en référence à un processus de fabrication qui se suffit à lui-même sans affect ni interprétation. Claude Viallat raconte leurs débuts : “je peignais des toiles sans châssis et Saytour, reproduisait l’image du châssis sur la toile”. Viallat opte pour des séries répétitives autour d’un motif unique en forme d’osselet ou de haricot, évacuant ainsi la problématique de l’inspiration. Il laisse la place centrale à la couleur. Patrick Saytour (ci-dessous) s’emploiera lui, à déconstruire les formes et les matières. En les détournant de leur fonction première, en les froissant, pliant, tressant et découpant, il crée un envers du décor ironique et puissant.

Des retrouvailles malicieuses

“Nous nous sommes souvent jetés des défis créatifs et taquinés en nous renvoyant la balle, a expliqué Viallat lors du vernissage, du haut de ses 86 ans, et vu notre âge celui-ci sera peut-être le dernier !”

Défi relevé une fois encore dans cette déambulation créative et pleine d’humour. Le départ est donné depuis le château d’Aubais où profitant d’un incroyable escalier monumental, les deux complices jouent avec l’espace et offrent deux issues possibles. Depuis la porte du haut, la vue est à couper le souffle : un espace magistral où les œuvres de Viallat jouent avec l’air et la lumière.

Un étage plus bas, la perspective sur l’escalier en ruines offre à Saytour l’occasion de se jouer du promeneur en incluant les barrières du chantier à ses créations. Les jolies salles voutées des écuries du château récemment restaurées sont un véritable théâtre d’ombres et de lumières où se mêlent et parfois se toisent les panneaux travaillés de Saytour et les toiles de son ami. Toiles tendues que l’on contourne comme des voiles de bateau (ci-dessus) pour profiter de la fraîcheur inattendue d’une extraordinaire “glacière”, vestige d’une époque où la vente de la glace était un privilège réservé à la noblesse.

Du château au temple

En empruntant des ruelles chauffées à blanc, le visiteur curieux est invité à découvrir une autre proposition dans la fraîcheur du temple protestant : la naissance d’un dialogue intime entre les deux artistes, les vitraux et la lumière. Un jeu de piste où parfois l’un emprunte à l’autre les codes de ses créations pour mieux décontenancer le regard. Le temps de se rendre au presbytère et c’est déjà la fin du voyage devant un œuvre commune débutée en 1970 qui rêve d’éclairer (au propre comme au figuré) le promeneur amateur de kitch.

Exposition visible à Aubais jusqu’au 21 août 2022 du jeudi au dimanche de 16h à 20 h. Entrée libre. Exposition VIALLAT SAYTOUR – Aubais

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