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Un “Scandal by Pourcel” a little décevant

Après une longue interruption estivale, les soirées cabaret ont repris au Terminal #1, l’un des restaurants des frères Pourcel. Audacieusement (et very british’ment) intitulé “Scandal”. Le spectacle s’annonce “festif et pétillant, gourmand, unique à Montpellier”, du moins sur la brochure. Mais tient mal sa promesse.

Traditionnellement, un cabaret, c’est une scène qui surprend le spectateur par de l’inattendu, du spectaculaire, de l’exotique, mais aussi – voire surtout – par du provocant. De l’audacieux. Car une scène de cabaret, c’est aussi – voire surtout – un lieu délicieusement et politiquement incorrect. Un endroit privilégié hors de la norme, où les spectateurs peuvent entre autres être confrontés à leurs propres angoisses. Interpellés, moqués, provoqués par des créatures envoûtantes, souvent confrontés à leurs fantasmes, spectateurs et spectatrices peuvent parfois être poussés aux limites du dégoût (Pouah ! Ces serpents drapés autour d’un corps semi-nus !), de la peur (Ouah ! Ces vertiges circassiens !) ou de l’attirance troublante. Car bien sûr, dans un cabaret, on rencontre parfois ces femmes extra-ordinaires, superlatifs de la féminité, qui en réalité sont très souvent des hommes perchés sur de vertigineux talons taille 46. Bref, vous l’aurez compris : une soirée cabaret, c’est toujours une expectation exquise, un voyage de surprise en surprise, avec sa petite pointe d’appréhension. Va-t-on passer inaperçu ou devoir monter sur scène à son tour ?

88 euros par personne

Sur le papier, d’emblée, on est séduits. Une soirée cabaret chez les Pourcel, avec repas gastronomique, forcément, on se dit qu’on va passer une soirée originale. France 2 et Patrick Sébastien ont beau avoir largement exploité le concept, on rêve encore d’être étonné. L’arrivée et l’accueil dans l’espace réservé au cabaret rassurent. Le lieu est superbe, intime à souhait, un très joli écrin aux rideaux de velours grenat et aux lumières tamisées. Le personnel est adorable, il n’y a pas d’autre mot. Et c’est très agréable d’arriver dans un endroit élégant et d’être ainsi mis à l’aise. C’est d’autant plus réjouissant que, même s’il n’est pas scandaleux, le tarif de la soirée (88 euros par personne, repas et spectacle compris) invite plutôt à réserver la sortie aux grandes occasions. D’ailleurs, ce soir-là, deux couples fêtent leur anniversaire. On s’installe donc en toute confiance. Selon l’expérience que l’on a – ou pas – de ce genre d’événement, c’est généralement là qu’on réalise que les boissons ne sont pas incluses dans le tarif (ce qui est pourtant bien précisé lors de la réservation !). Les amuse-bouche passent, le rideau s’ouvre…

… sur un décor pour le moins minimaliste, mais plumes et paillettes des deux artistes se détachent plutôt bien sur fond noir. Le premier numéro est un hymne à Paris, à Montpellier on peut se demander pourquoi, mais bon : le numéro de playback correspond à l’une des attentes que l’on pourrait avoir lorsque l’on s’offre une soirée cabaret. Il y a deux “chanteuses” sur talons hauts, des robes somptueuses, des perruques et des paillettes…

Faux cils & paillettes… et c’est à peu près tout

Ouverture, salutation par une autre beauté tout en fards et faux cils, qui va de table en table en promettant un spectacle inoubliable. À toutes les tables. Pas de harangue de messieurs mal à l’aise, pas de provoc’ de ces dames, pas d’humour salace… Juste ce mot “inoubliable” répété de table en table. Puis nouvelle ouverture de rideau, nouvelle robe, nouveau playback. Alors : c’est vrai, le programme promettait surtout des “transformistes”, et c’est ce qu’on a vu. Le duo des Fabuleuses, Sophia Mangano et David Torguella, change en effet de froufrous et de faux cils avec une dextérité enviable. Mais c’est à peu près tout ce qui va se passer pendant trois heures. Les tenues s’enchaînent, les playback aussi, Dalida et Britney Spears se relayent sur scène, mais à force, même la gestuelle et les mimiques finissent par toutes se ressembler. Ça devient presque un peu lassant, si ce n’est une imitation d’Édith Piaf plutôt réussie par Sophia. L’ambiance est assez morose dans la salle. D’ailleurs, à peine le spectacle terminé que le premier couple s’en va, une serveuse débarrasse jusqu’à la nappe dans la foulée, les autres comprennent le message et se lèvent à leur tour. On sent que mieux vaut ne pas s’attarder, d’ailleurs personne ne semble en avoir envie. Pas le temps de finir le vin, ce qui, à 50 euros la bouteille, fait quand même un peu mal.

En luth et plumes : Sucre d’orge

Ni scandale ni surprise, donc, à une exception prêt : une autre guest-star répondant au joli pseudo de Sucre d’orge, effeuilleuse burlesque talentueuse et parfaitement à l’aise aussi bien au luth qu’en plumes. Insolente à souhait, elle réussira à mettre un homme genou à terre, dans la plus belle tradition cabarettiste qui veut que le public participe… qu’il le veuille ou pas ! Dommage que tout le fil du spectacle donne une impression assez décousue, et que les numéros se suivent sans qu’aucune ambiance ne puisse s’installer.

Mention spéciale aussi, une autre, mais aux mêmes ! au personnel du restaurant. Si le menu -le même pour tout le monde – arrive à toutes les tables en même temps entre deux numéros, les plats sont servis à la température parfaite, et avec le sourire. Si on voulait donner dans le jeu de mot facile on titrerait “Pas de scandale pour ce régal”.

En même temps on est quand même chez les Pourcel. Si en plus on avait mal mangé, on aurait été vraiment déçus…

Terminal Pourcel, 1408 avenue Raymond Dugrand, Montpellier. Contact : 0499583838 ou resa@terminalpourcel.com

À la Une : Sophia Mangano, Jessy Paris, Morgane Taylor et Candy Williams, puis Candy Williams, enfin Sucre d’orge.

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