Fondateur et directeur d’Arabesques, qui a lieu du 10 au 22 septembre, Habib Dechraoui était le rappeur de Boss Phobie, groupe emblématique de la ville dans les années 90. Aujourd’hui à la tête du « plus grand festival des cultures arabes d’Europe », il nous confie sa play-list composée des artistes invité.e.s de cette édition 2024.
Festival Arabesques du 10 au 28 septembre.
L’ensemble Constantinople et Ghalia Benali, Awatadkhourou.
La chanteuse tunisienne Ghalia Benali est déjà venue au festival. Là, il s’agit d’une collaboration vue au Canada et qui ma bouleversé. Vraiment une rencontre du 3ème type avec Rûmi, le plus grand poète de l’ere islamique, perse, auteur de milliers de vers et connu dans tout le monde arabe. C’est une partie bien sûr de son oeuvre, datant du13ème siècle, qui est revisitée ici avec des musiciens iraniens, syriens. Elle, chante en perse et en arabe. J’écoute ce morceau en boucle, un titre de voyage qui me donne des frissons. Le 10 septembre à l’Opéra-Comédie.
Souad Massi, Raoui.
C’est le morceau qui l’a fait connaître, son premier album. Son nouvel album « Sequana » a reçu 4 nominations internationales, a été salué par la critique, et présenté à la Philharmonie de Paris. Elle vient le présenter à Arabesques, mais je lui demande à chaque fois ce titre. C’est vraiment avec « Raoui » que la comparaison de Souad Massi avec Joan Baez paraît la plus justifiée. Le 20 septembre au domaine d’O.
Origines contrôlées (Mouss & Hakim), Maison Blanche.
Eux, ils revisitent la musique chaâbi, un genre musical algérien né au XX siècle á la Casbah d’Alger d’où le titre. C’est un travail exceptionnel sur le répertoire, c’est dansant, émouvant, triste parfois. Un répertoire qui accompagne toute l’histoire de l’immigration revisitée avec respect. Même si ce n’est pas mon histoire, un morceau qui me touche. Le 22 septembre au domaine d’O.
47SOUL, Intro to Shamstep.
Un groupe palestinien de la nouvelle génération, formé en 2012. C’est une réinterprétation du derki, style musical traditionnel de la Palestine mais qu’on retrouve aussi en Jordanie, au Liban, et beaucoup en Syrie. Ils ont été les premiers à le jouer avec l’électro. Un groupe engagé, politique, énergique, qui nous fait du bien. Le 14 septembre au domaine d’O.
Bab L’Blues, Ila Mata.
J’adore ce groupe, accueilli pour la première fois avec une jauge restreinte, pendant le Covid. Je suis littéralement tombé sous le charme de Yousra Mansour, une artiste fabuleuse, qui chante en berbère, sur scène avec son compagnon au guembri électrique. Bab l’Blues, c’est le nouveau souffle de la musique marocaine, une autre manière de produire des sons venus du chaâbi et de la musique gnawa. Ses textes sur la condition de la femme sont importants. C’est elle qui est sur l’affiche, cette année. Le 22 septembre au domaine d’O.
Racha Nahas, Ya Binti.
Une artiste palestinienne découverte en tant que jury dans un festival, très bien entourée musicalement. C’est du rock bien trash, ça dépote, ça fait du bien à la musique arabe. Je suis bluffé par la nouvelle scène du monde arabe, très reliée aux racines de leurs parents pour laquelle Rachid Taha est une référence, un pionnier, très respecté. Le 14 septembre au domaine d’O.
Sarãb, Zourouni.
Un groupe que je suis depuis longtemps, en particulier l’évolution de cette jeune syrienne, Climène, qui apporte une touche de modernité, du jazz contemporain avec les sons traditionnels du Moyen Orient. C’est bien produit, bluffant. Elle, dégage une énergie qui me fait penser à la marocaine Hindi Zahra, tout comme Yousra Mansour d’ailleurs. Le 20 septembre au domaine d’O.
Kamilya Jubran, Miraat Al-Hijarah.
Une autre belle histoire. Une artiste rencontrée à Jérusalem, en 1999, installée depuis en France, où elle a obtenu la nationalité française. Elle collabore avec beaucoup d’artistes : à Arabesques, avec deux autres femmes, Floy Krouchi et sa basse transformée par l’électronique, et la libanaise Youmna Saba et son oud. Elle prend beaucoup de risques, j’aime beaucoup. Le 21 septembre au domaine d’O.
Tinariwen, Assouf.
Un concert déjà quasi complet. Un moment que je leur cours après. Leur premier album a été une grosse claque. C’est de la musique du sud-algérien, et du Mali, un couloir musical entre les 2 pays. Du blues, du vrai blues, que l’on retrouve au USA. On sait que le blues américain a été certainement influencé par la musique africaine. Ce qu’on comprend mieux quand on les écoute. Le 13 septembre au domaine d’O.
Atine, Yâri.
Yâri veut dire ensemble, c’est du perse. Atine, c’est la rencontre de 5 musiciennes -Aïda Nosrat, Sogol Mirzaei, Christine Zayed, Marie-Suzanne de Loye et Saghar Khadem- pour une balade pleine de poésie, clairement sans frontière (avec de la musique traditionnelle iranienne et arabe, du flamenco, du jazz et de la musique baroque). Difficile de rester insensible. Le 11 septembre à l’Opéra-Comédie.