C’est au Musée Fabre au cours d’un déambulation musicale proposée par Les Ombres que nous avons rencontré les deux fondateurs de cet ensemble : Margaux Blanchard, gambiste et Sylvain Sartre, flûtiste et co-dirigeants de la formation baroque Les Ombres. Sylvain Sartre est par ailleurs directeur artistique du festival de Maguelone, qui démarre ce 3 juin en fêtant les 300 ans des 4 Saisons de Vivaldi.
LOKKO : Quelle est la genèse de votre collaboration ?
MARGAUX BLANCHARD : Nous nous sommes rencontrés pendant nos études à la Schola Cantorum de Bâle. Et c’est à partir de cette complicité que nous avons créé Les Ombres, en 2008. Dans notre ADN, il y a l’idée de monter des concerts et des spectacles en lien avec le répertoire baroque en intégrant d’autres disciplines : danseurs, comédiens, chanteurs. Nous sommes intéressés par la dramaturgie et nous aimons raconter des histoires en musique.
C’est un ensemble qui a déjà quelques années d’existence mais vous êtes relativement récent dans la région.
MARGAUX BLANCHARD : Cet ensemble a été créé en 2008 mais nous sommes installés en Occitanie depuis 10 ans. Nous avons eu la chance d’être en résidence à l’Opéra de Montpellier. L’Occitanie est une terre fertile en énergies, en festivals. Nous avons également la chance d’avoir bénéficié d’une résidence au festival des Nuits musicales d’Uzès.
Pourrait-on définir votre ensemble comme un groupe à géométrie variable à partir d’un noyau dur ?
MARGAUX BLANCHARD : Plutôt une identité : celle d’un binôme, formé d’une femme et d’un homme avec un instrument à vent et un instrument à cordes. Les ombres, c’est une complémentarité essentielle qui, à partir de ce noyau dur, s’adapte aux différents projets en invitant d’autres artistes. En cherchant les meilleurs outils pour transmettre la musique, nous glanons des influences et des expériences différentes. Plus qu’une géométrie variable, nous sommes une matière musicale vivante.
SYLVAIN SARTRE : Être un collectif dès la création de notre ensemble (ce qui n’était pas habituel à l’époque), nous a permis d’être directement dans une dynamique de travail partagé.
MARGAUX BLANCHARD : L’indépendance est vraiment une marque de fabrique. Nous y sommes très attachés. Nous avons fidélisé un réseau de musiciens et d’artistes indépendants avec lesquels a été construite une complicité qui nous permet à la fois de travailler en petits ensembles à deux ou trois musiciens avec une mezzo-soprano ou de nous intégrer à des ensembles comme le chœur du Concert Spirituel avec Hervé Niquet ou encore Les Eléments, le chœur toulousain de Joel Suhubiette. Notre chance, c’est d’avoir des instruments (baroques) qui peuvent se marier avec beaucoup d’influences musicales différentes.
Sylvain Sartre, le Festival de Maguelone approche, comment en êtes-vous devenu le directeur artistique ?
SYLVAIN SARTRE : C’est d’abord une rencontre avec Philippe Leclant, président de ce festival qui a soutenu notre formation musicale lors de notre arrivée à Montpellier. Voulant passer le relai à un professionnel ancré sur le territoire, il m’a proposé le poste de directeur artistique.
Le programme cette année a des accents italiens.
SYLVAIN SARTRE : C’est un Festival tourné vers l’Italie et l’anniversaire de la composition des 4 saisons de Vivaldi, il y a 300 ans. Nous avons invité Amandine Beyer et son ensemble Gli Incogniti : elle a signé une des premières versions baroques de cette œuvre, il y a une dizaine d’années. Une version qui reste une référence encore aujourd’hui. Le musicologue Olivier Fourès qui travaille depuis longtemps avec elle, fera une conférence en écho à ce concert.
Nous avons aussi sélectionné The Banshies (photo ci-dessous), quatre jeunes musiciens talentueux qui nous conduiront à Vienne dans les pas du compositeur vénitien Antonio Caldara. A côté des concerts de la grande nef, la tribune accueillera les petites formations comme Hanna Salzenstein (violoncelle) et Thibaut Roussel (théorbe) qui proposent de suivre les pas de musiciens célèbres ou méconnus dans l’Europe de XVIIIème siècle.
Le jeune public n’est pas oublié… Avec la mairie de Villeneuve-lès-Maguelone, un atelier participatif sera proposé aux publics scolaires. Animés par la violoniste baroque Françoise Duffaud, ces interventions proposent une sensibilisation autour de la découverte du violon baroque.
La soirée de clôture du Festival de musique ancienne se tiendra dans la grande nef autour de la mezzo-soprano Isabelle Druet (photo du haut) et du Poème Harmonique sous la direction de Vincent Dumestre : El Fenix de Paris propose de découvrir les musiques espagnoles jouées dans le Paris de l’époque baroque.
Festival de musique ancienne à Maguelone, du 3 au 12 juin. En savoir +.
Portraits de Margaux Blanchard et Sylvain Sastre @Jenifer Buckler et @Bruno Garcia. Photo de Isabelle Druet © Marc Larcher. Photo The Banshies @DR.