Chloé Delaporte : « Pour ramener des emplois dans le cinéma, Trump est prêt à perdre du soft power »

L’actualité éclairée par la recherche : des rencontres «TU PARLES CHARLES» co-produites par l’université Paul Valéry et LOKKO. Le 10 juin, sur le thème «Trump et le cinéma : la guerre est déclarée», Valérie Hernandez interviewait Chloé Delaporte (*), professeure en études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, éminente spécialiste du cinéma américain.
Droits de douane sur les films, attaques virulentes contre le modèle unique du financement du cinéma français -vu comme une « pratique commerciale déloyale », en particulier l’obligation faite aux diffuseurs étrangers de consacrer une part de leur investissement aux productions nationales -, pression grandissante contre les grands studios d’Hollywood jugés trop « woke » : Donald Trump s’est lancé dans une déstabilisation tous azimuts qui vise autant le cinéma américain que le cinéma mondial. En Europe, une riposte s’organise.
 
 

LOKKO : Nous avons intitulé cette rencontre : Trump et le cinéma : la guerre est déclarée, faisant allusion au film de Valérie Donzelli. Quoique cette guerre ne soit pas une certitude : on voit que Trump mène une guerre plutôt larvée, pour être juste. Ce débat s’inscrit dans un contexte très tendu avec, au moment où nous échangeons, des manifestations anti-Trump dans la ville du cinéma.

CHLOÉ DELAPORTE : Tout ce qui se passe actuellement à Los Angeles procède d’un projet idéologique commun. Il y a des ponts très clairs entre ce qui se passe aujourd’hui sur la question de l’immigration, et les menaces sur le cinéma.

A votre avis, cette flambée, cette accélération de l’histoire étaient-elles prévisibles ? Après un temps de sidération, du Parti démocrate en particulier mais aussi de l’opinion publique, on a l’impression, là, que quelque chose s’exprime enfin.

Cette violence de la réaction est proportionnelle à la violence des choix politiques qui sont faits. Quand une société est ainsi violentée, il y a un devoir citoyen de s’opposer. Concernant le cinéma, il y a quelque chose qui se met en place, que tout le monde s’efforce d’analyser : cela ressemble à du protectionnisme. Pour l’instant, cette attaque se déploie sous la forme d’une instauration possible de taxes.

Le 21 février, Trump déplore publiquement que le cinéma américain se fabrique beaucoup à l’étranger au Canada, en Chine, en Europe. En parlant de «vol» du cinéma national. Donc, on parle d’abord de ces films américains qui se fabriquent ailleurs dans le monde.

Si on remonte même un peu plus tôt, pendant le premier mandat de Trump, il y avait déjà eu un certain nombre d’attaques contre l’industrie hollywoodienne, mais qui ne s’étaient pas traduites en termes économiques. La première offensive, en tout cas dans le discours trumpien, porte sur les enjeux de représentation. Et donc cette idée d’Hollywood menacé en tant que bastion américain ; quand Trump dit «Hollywood», il veut dire en fait «le cinéma américain», qui est loin d’être seulement à Hollywood.

Trump a rétropédalé sur les taxes

Mais Trump a tendance à jeter des sujets, des choses en l’air qui ne sont pas ensuite formalisées. Derrière ce discours très médiatisé, il y a eu une offensive réelle du Secrétariat américain au commerce, qui a écrit à un certain nombre de studios hollywoodiens en demandant ce qui leur apparaissait, de la part des pays étrangers, comme des entraves à l’économie de marché. Il a assez vite rétropédalé sur la question des taxes. Cela reste flou, mais on voit bien que cela entre dans un projet plus global, dans un chantage économique qui concerne bien d’autres produits que les produits culturels ou les simples films.

On l’a vu avec Mission impossible ou bien les derniers films Marvel. De nombreux films sont tournés hors du sol américain. C’est un fait.

C’est très ancien. D’une manière générale, le cinéma américain tourne ses productions ailleurs que sur le sol américain. La première raison, historique, a été la recherche de décors. Hormis les westerns tournés dans l’Ouest américain ou le Midwest, dans tous les autres cas, tourner dans les décors naturels comme les rues de Paris peut présenter un certain avantage. La deuxième raison, qui s’est vite imposée, c’est la baisse des coûts avec une main d’œuvre moins chère dans un certain nombre de pays. Mais surtout, des pays proposent des avantages fiscaux pour les tournages étrangers. Les films américains représentent 15% du marché des tournages en France. C’est quand même conséquent.

Dans l’absolu, rapatrier des tournages aurait donc un coût élevé ?

Il n’y a pas eu d’estimation économique rationnelle de cette idée sortie du chapeau de Trump. Cela coûterait beaucoup plus cher de tout tourner aux USA qui ne sont pas en mesure, matériellement et en termes de ressources humaines, d’accueillir la totalité des tournages. Si cela arrivait, ça signifierait vraisemblablement une diminution de moitié de la production de films américains.

Régénérer des emplois américains

Ce qui est un peu plus documenté, en revanche, et qui intéresse vraisemblablement le président américain, c’est la question de l’emploi. La raison pour laquelle Trump veut relocaliser la production cinématographique est celle-ci : régénérer des emplois américains en employant un certain nombre d’ouvriers, d’artistes, de techniciens qualifiés.

70% des recettes mondiales du cinéma vont au cinéma américain, principalement aux studios de cinéma en Californie où se trouvent la plupart des sièges : n’est-ce pas la frilosité paradoxale d’un géant qu’exprime Trump ?

Ce chiffre correspond à la part des recettes générées par le cinéma américain hors de ses frontières, sur les marchés extérieurs, c’est-à-dire, avant la période COVID (2020-2021). 11 milliards de dollars par an produits par les recettes au box-office du cinéma américain. Ceci éclaire à mon sens l’orientation des politiques publiques américaines et, surtout, des stratégies des studios : quand on fait la plupart de ses bénéfices hors de ses frontières, on ne prend pas les mêmes lois et on n’adopte pas les mêmes politiques de production et de diffusion.

Pour le dire vite, on ne fait pas des films pour les Américains, mais pour le reste du monde. Quel type de film on fait, quel genre, avec quels acteurs, avec quelles actrices, sur quels sujets, les choix esthétiques, le marketing : tout découle prioritairement du fait que ces films vont être rentables surtout hors des Etats-Unis, en Chine, au Japon, en France, au Royaume-Uni…

Un anti-communisme très clair

Il y a un autre point, mais qui est lié. Ce sont les attaques contre les aides spécifiques au cinéma européen et en particulier au cinéma français, contre ce modèle unique du financement du cinéma, dont Trump parle en tant que «pratique commerciale déloyale». Il vise en particulier l’obligation qui est faite aux plateformes étrangères de consacrer une part de leur investissement aux productions nationales. Là, c’est un peu le branle-bas de combat du côté du cinéma français, notamment au CNC, dirigé d’ailleurs par un montpelliérain, Gaëtan Bruel.

Ce qui énerve aussi beaucoup Trump, et qui froisse son idéologie ultralibérale, c’est que l’État puisse contrôler, organiser, réguler le marché. On est dans un anti-communisme très clair, très important. Il ne supporte pas l’idée qu’on exerce une contrainte sur les États-Unis, qu’on vienne empêcher les entrepreneurs nord-américains de gérer leurs affaires comme ils l’entendent, en les soumettant au principe français, à ce qu’on appelle à tort l’exception culturelle française (le mot est très galvaudé), qui veut que, dès qu’on génère du profit avec un film en le diffusant à la télé, dans une salle de cinéma, sur une plateforme, on reverse une partie de cet argent à la production. Ce qu’on pourrait appeler une économie circulaire qui s’applique à tous les films, même américains. C’est très vertueux et même très rationnel d’un point de vue libéral. Et cela encourage toute une diversité culturelle, en permettant à des «petits films» d’exister. Environ 10% d’un billet de cinéma en France est reversé à un compte de soutien géré par le CNC pour financer les autres films. Ce n’est pas tout à fait unique mais la France est moteur. C’est un système qui intéresse beaucoup la Chine, par exemple. Ce qui agace au plus haut point Trump, ce sont les «obligations d’investissement», qu’on a appelé aussi dans d’autres pays européens les «Netflix laws». Environ 20% du chiffre d’affaires annuel d’une plateforme généré dans le pays doit être investi dans la production française.

Qu’est-ce qu’il est possible pour les Américains de produire comme riposte sérieuse et rationnelle face à ces dispositifs du cinéma français ou européen ?

Pour répliquer à «ces idées communistes du Vieux Continent», il n’y a qu’une seule chose possible pour les Américains : venir embêter les Français sur d’autres secteurs comme les vins et les spiritueux ou l’industrie automobile. En gros, comme on ne peut pas intervenir sur vos dispositifs en faveur du cinéma, on va agir sur d’autres filières industrielles sur lesquelles on peut avoir la main.

Intimider Disney

Il y a une autre manière d’agir pour Trump : c’est de faire pression sur les grands opérateurs du cinéma national. Trump ne peut pas contrôler Disney, mais il peut intimider, faire pression, par exemple en commanditant une enquête interne à la FCC, la Federal Communications Commission, une sorte d’Arcom, en principe indépendante mais dirigée par un proche du président. C’est le bon vieux principe de la menace du contrôle fiscal. Cela peut marcher, amener des studios à boycotter, par exemple, le marché français. Trump n’a pas le droit d’intervenir sur les contenus du cinéma comme à peu près tout le monde dans une démocratie, mais il peut intimider. Je cite Disney parce que c’est la firme la plus connue, mais il y a d’autres grands studios ou grandes grandes sociétés, de l’entertainment et des médias américains qui ont subi des enquêtes de Trump.

On ne peut pas constitutionnellement attaquer le fait que Disney ait choisi une actrice noire pour jouer La petite sirène, en revanche, on peut attaquer sur ce qu’on appelle les politiques «Diversité, équité et inclusion» (en anglais : diversity, equity, and inclusion, abrégé en DEI), tout ce qu’on va mettre en place dans une entreprise pour favoriser la diversité.

On l’a vu avec The Apprentice (photo ci-dessus), ce film sur Trump qu’il a attaqué et qui a été ostracisé sur le marché américain.

Son registre, c’est la pression, c’est le bluff. Tout joueur ou toute joueuse de poker sait que ça marche. C’est une stratégie rationnellement efficace, pas du tout vouée à l’échec.

 
Un wokisme peu significatif 

Son prédécesseur Joe Biden l’avait encouragé mais quelle forme prend, en dehors des fantasmes de Trump, ce «wokisme» à l’œuvre dans le cinéma américain ?

Il faudrait qu’on se mette d’accord sur ce qu’on appelle le wokisme, qui veut dire, littéralement, être attentif, attentive aux discriminations et ne pas les laisser passer, donc ce n’est vraiment rien de très fou, un devoir citoyen minimal. Je ne crois pas qu’on vive mieux aux Etats-Unis ou que les discriminations raciales ont cessé parce qu’on a confié un rôle à une actrice racisée dans un blockbuster américain. On n’assiste pas à une révolution culturelle d’ampleur. L’avancée n’est pas énorme, mais suffit à cristalliser les oppositions de la droite et de l’extrême droite américaines extrêmement puissantes.

On a vu sur Netflix ce film sur le climatoscepticisme américain Dont Look Up ou bien encore ces acteurs et actrices de couleur dans les films de Shonda Rhimes. C’est très progressif ! 

Je ne crois pas que ce soit si significatif au regard de la réalité du monde social. Il y a ce qu’on appelle aux Etats-Unis le backlash, ce retour de bâton qui se manifeste beaucoup plus fortement que ces petites avancées.

L’inclusivité, avant tout un marché 

Netflix fonctionne sur ce qu’on appellerait en économie des segments de marchés. Ils vont travailler une bibliothèque de films qui réponde à la plupart des segments de marché du territoire où ils se développent. Ils vont choisir un segment de marché qui puisse rapporter, par exemple le «jeune adulte». Si John Wayne sur son cheval n’est pas rentable, ils ne le feront pas. Sur Netflix, un certain nombre de contenus répondent à cette demande d’inclusivité. On comprend mieux le cinéma américain si on comprend cette logique.

On parle beaucoup justement du «Make Hollywood Great Again», de la nostalgie d’un cinéma blanc et viril de la glorieuse époque du western. C’est tout simplement cela le fantasme de Trump en matière de cinéma ?

Ah oui, je crois. C’est le fantasme de l’Amérique d’avant, d’une Amérique blanche disons-le, ségrégationniste, avec des politiques de discrimination légale, ou en tout cas, à des niveaux fédéraux institutionnalisés. Et ce fantasme fédère beaucoup. Lorsqu’il nomme comme ambassadeurs trois acteurs (Sylvester Stallone, John Voigt et Mel Gibson), il envoie un signal. Trump ne connaît rien au cinéma et à l’économie du cinéma. Souvent, il dit n’importe quoi. Et le seul truc qui lui paraît parlant, c’est cette imagerie virile du western…

Une irrationalité économique totale 

Quand vous dites «il n’y connaît rien», c’est aussi le reproche que fait le fondateur de cette idée de Soft Power, qui est centrale dans votre livre : Joseph Nye. L’idée que le cinéma promeut des valeurs et des idéologies tout en générant des profits en tant que secteur industriel ?

Trump est dans une irrationalité économique totale. Mais sa position n’est pas si idiote. Nous ne sommes plus dans les années 1970 ou 1980. Trump n’est pas Reagan. La domination totale de la culture américaine dans le monde est acquise. En tout cas, elle n’a plus besoin d’être démontrée. Les Etats-Unis ne sont plus dans la même urgence ou dans la même nécessité qu’à d’autres époques de devoir nourrir activement, continuellement, cette domination culturelle. Il est plus important pour lui de ramener 700.000 jobs aux Etats-Unis quitte à ce qu’on perde un peu en soft power à travers le globe.

Un bon exemple : la Chine. C’est le premier marché extérieur du cinéma américain alors que, dans le même temps, les Chinois exportent peu de films aux Etats-Unis. Trump a plus à perdre que la Chine. Dans ce cas précis, sa menace est incohérente.

Pas d’affolement du monde du cinéma

On voit quand même que Disney a supprimé récemment des répliques dans une de ses productions, même supprimé la dimension trans d’un personnage, qu’il a accepté de verser de l’argent à un futur musée Trump, qu’Amazon prépare un documentaire sur Melania Trump : est-ce qu’il n’a pas, d’une certaine manière, gagné la guerre des esprits ? 

Le cinéma américain, ce n’est pas Disney ou plutôt Disney n’est pas tout le cinéma américain. A côté de ces acteurs socio-économiques, il y a énormément de sociétés de production qui fabriquent des films aux Etats-Unis qui ne sont pas du tout aux ordres. On a vu Jane Fonda parler de «maccarthysme» aux SAG Awards, Robert De Niro à Cannes dénoncer la politique trumpienne. Il est vrai, des acteurs et actrices bien installés, dont la carrière est faite, mais beaucoup monde dans le milieu du cinéma pense que Trump est en train de faire n’importe quoi et que ses projets sont irréalistes. Il n’y a pas d’affolement. Le monde du cinéma américain n’est pas au diapason de Trump, loin de là.

En même temps, on le dit fragilisé par le Covid, par les incendies, par une baisse drastique des entrées en salle depuis plusieurs années.

Votre question est parfaite parce qu’elle me donne l’occasion de citer mon directeur de thèse, Laurent Creton, qui a écrit dans un de ses livres que la crise est constitutive de l’identité même du cinéma. C’est-à-dire que depuis que le cinéma existe, on parle cycliquement de l’idée qu’il va mourir. Oui, le cinéma vit un moment important. La fréquentation a baissé d’un tiers dans tous les pays (sauf en France, où il résiste mieux). Il se passe des choses nouvelles. Cette période de transition va peut-être pousser vers un recours aux politiques publiques, d’où l’importance de veiller aussi à ce qu’on est en train de mettre en place dans la plupart des états en matière culturelle aux Etats-Unis, comme en France.

Que pèse ce mouvement qu’on appelle Godlywood, qu’on dit de plus en plus influent ?

Il y a toujours eu une production conservatrice aux Etats-Unis, en particulier depuis le milieu des années 2000. Des films réactionnaires et conservateurs, mais surtout officiellement religieux, portés par des mouvements évangéliques. Les évangéliques aux Etats-Unis, c’est un cinquième de la population, donc c’est vraiment très important.

Angel Studio n’est pas le nouveau Warner

Plus de 85% d’entre eux soutiennent Donald Trump. La corrélation est établie. Nous avons tous montré Le monde de Narnia à nos enfants sans savoir qu’il relevait de ce courant. Angel Studio en est un studio de référence, qui avait jusque-là produit uniquement des films de cinéma, en gros des films anti-avortement, assez furieusement réactionnaires et sexistes, et a lancé récemment une plateforme. Il y a indéniablement un mouvement d’amplification d’acteurs qui étaient marginaux et vont se sentir pousser des ailes, mais ça ne va pas plus loin. Angel Studio ne va pas devenir le nouveau Warner.

En résumé, vous nous dites : il n’y a pas de quoi avoir peur. Les grands tournages internationaux ne vont pas rentrer à la maison et le cinéma américain ne va pas être dominé par les films évangéliques.

Ceux qui, aujourd’hui, ont le plus à perdre d’une relocalisation de la production, qui sont très dépendants de l’industrie états-unienne, sont les pays anglophones. Je vous donne l’exemple de la Nouvelle-Zélande dont l’industrie a été redynamisée par le tournage des films Le Seigneur des anneaux. Dans cette hypothèse, c’est toute une économie qui peut s’effondrer, mais c’est peu probable.

Produire une réponse européenne 

Néanmoins, le CNC a jugé la menace suffisamment sérieuse pour engager une réflexion avec la profession.

La France peut déjà tenter d’avoir un poids important à l’échelle européenne. Voilà l’enjeu aujourd’hui. Nous avons à défendre, au niveau européen, cette économie circulaire, ces obligations d’investissement dans les cinémas nationaux. La plupart des pays européens disposent de dispositifs semblables, parfois un peu plus faibles, mais sur le principe, presque tout le monde est d’accord. Ce qui compte face à Trump, c’est de produire une réponse européenne.

(*) CHLOÉ DELAPORTE est professeure en études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université de Montpellier Paul-Valéry et chercheuse affiliée au RIRRA21. Elle est également autrice du livre « Géopolitique du cinéma » (Le Cavalier bleu), qui rappelle combien le cinéma se trouve au cœur d’enjeux géopolitiques, à la fois comme arme de soft power, voire de propagande, mais aussi comme activité très lucrative pour les États.

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Jeanneret
Jeanneret
8 jours il y a

Super interview !! très éclairante !

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