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Les ateliers Tropisme : premier immeuble d’artistes de Montpellier

1800 m2 répartis sur trois étages, une centaine d’artistes dans 34 ateliers : trois ans après une ouverture fulgurante, la Halle Tropisme fait encore sensation avec un immeuble entièrement dédié aux artistes. Cette grande coloc privée, la première du genre à Montpellier, s’est construite sur un modèle disruptif. Collectivité, artistes… et promoteurs : tout le monde y gagne.

Ne pas s’attendre à un bâtiment flambant neuf. L’immeuble reste dans son jus. Ce sont les résidents qui devront repeindre les murs, s’ils le souhaitent. C’est dans une ambiance polaire que la visite de presse a eu lieu, mardi 23 novembre, dans un chantier sous pression qui doit être terminé pour le 3 décembre, date de l’inauguration. De longs couloirs, des salles de taille moyenne en enfilade, baignées de lumière. L’artiste Karen Thomas en a choisi une : 40 m2 pour 600 euros mensuels à partager avec 3 amies. 150 dossiers reçus, 90 artistes et artisans sélectionnés. Plasticiens, céramistes, photographes, danseurs, dessinateurs…

Un régiment de créatifs

Au rez-de-chaussée et au premier étage, la radio Eko des Garrigues, une annexe de l’ESJ Pro, l’école de journalisme voisine, Coodio, la coopérative des métiers de l’audio, une résidence d’artistes visuels africains “Ifitry” viennent enrichir une communauté d’une centaine d’artistes, occupant tout le 2e étage qui s’ajoute aux 200 résidents de la Halle voisine. Les saltimbanques ont repeuplé l’ancien terrain militaire.

“Plus la ville se peuplera d’artistes, mieux les Montpelliérains se porteront.” C’est en ces termes que Michaël Delafosse, maire de Montpellier, à la fois président de Montpellier Méditerranée Métropole et président de la Serm (Société d’équipement de la région montpelliéraine) s’est exprimé lors de la conférence de presse.

Peupler la ville d’artistes et faire de Montpellier une “ville d’hospitalité pour les artistes” : cela faisait partie des engagements de campagne du nouveau maire de Montpellier qui a insisté sur ce qu’il appelle un “urbanisme de transition” qui consiste à “accueillir des artistes plutôt que de garder un bâtiment en friche”. Et les mettre provisoirement à l’abri de la pression foncière montpelliéraine… avant l’arrivée des promoteurs.

Un donnant donnant public/privé

Si une enveloppe de 500 000 euros a été décidée pour les aider individuellement à financer des travaux dans leurs lieux de travail respectifs (dans la limite de 40 000 euros par demandeur), la plupart des projets publics d’occupation de friches sont encore dans les cartons. Certains seraient dévoilés début 2022. On parle beaucoup de l’ancien conservatoire Sainte-Anne qui accueillerait des résidences d’artistes.

Ce projet Tropisme n’a pas coûté grand-chose à la collectivité qui trouve là une incarnation astucieuse et économe de ses idéaux. La SERM a donné ce bâtiment en mauvais état pour une durée éphémère de 5 ans (à travers une convention d’occupation précaire) tout en récupérant un loyer “modéré” de 1000 euros mensuels auxquels s’ajoutent 3000€ de charges par an et une taxe foncière de 18 000€.

Du côté de l’opérateur privé Illusion et Macadam (la coopérative qui gère la Halle Tropisme), il y a une prise de risque. “L’ensemble des travaux pour réhabiliter et mettre au norme le bâtiment est assuré à 100% par la coopérative, à travers nos fonds propres et une levée de fonds faite avant le covid pour se développer (300 000€). En l’état, ce modèle n’est pas tout à fait rentable sur 5 ans”, précise Vincent Cavaroc à LOKKO. “Nous attendons une confirmation officielle de la Région pour un soutien sur leur ligne Revitalisation de friche.”

L’opération ne sera pas sans avantage pour les promoteurs à venir. Comme l’expliquait cet excellent article de “Marianne”, aussi libertaires soient-ils, les tiers-lieux par leurs occupations temporaires préparent le terrain aux promoteurs en attirant une clientèle bobo qui sera plus tard leur cœur de cible.

On a conscience des enjeux immobiliers et qu’on ne pourra garder ce lieu ad vitam æternam. Il s’agit de tester ces modèles. Et une fois fait, on se déplacera, et on le pérennisera ailleurs, si le succès est au rendez-vous”, a souligné Vincent Cavaroc, qui est la figure à Montpellier de cet entrepreneuriat culturel de plus en plus influent dans la vie publique.

L’inauguration du lieu, qui se fera en mode grosse fiesta [avec DJ Set, performances, expositions, live painting), les 3 et 4 décembre, donnera des indices du succès du nouveau défi de Tropisme.
Est-ce bien la peine de prendre les paris ?

Pour en savoir + sur l’inauguration

Photos Marielle Rossignol

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Chalbi Sonia
2 années il y a

Clair et sans complaisance, optimiste également. Merci d’avoir éclairci ce nouveau visage de l’entrepreneuriat

Bertrand Jolivel
Bertrand Jolivel
2 années il y a

La vitalité d’une communauté se mesure par son ouverture sur le monde de l’art. Merci pour cet intéressant éclairage.

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