Aux Échelles de la Ville à Antigone et autres lieux, les Rencontres photographiques de Montpellier proposent, du 10 mai au 1er juin, la découverte de la photographie européenne, documentaire ou de création. 8 photographes sélectionnés parmi plus de 500 candidats et 10 projections pour la sélection officielle.
Travaux de rénovation du Pavillon populaire obligent -il ne rouvrira que le 2 décembre, avec Extrême Hôtel, exposition consacrée à Raymond Depardon-, l’équipe de Grain d’image, l’association organisatrice des Boutographies, respire, après avoir craint de les voir dispersées à travers la ville. En effet, le principal lieu reste au cœur de Montpellier, aux Echelles de la Ville, dans l’ancienne médiathèque Fellini, spécialement et, paraît-il, «magnifiquement» aménagée sur deux niveaux, pour accueillir les 8 expositions et les 10 projections de la sélection officielle. On peut donc penser que la 25ème édition des «Rencontres photographiques de Montpellier», nées de la confluence entre la vitalité d’un quartier, Boutonnet, et l’ardeur d’une poignée de passionnés, aura le rayonnement espéré.
4 femmes et 4 hommes
Christian Maccotta, directeur artistique depuis 2007, photographe lui-même, titulaire d’un master de recherche consacré à la photographie, résume les Boutographies 2025 : «Hors photojournalisme, un échantillon représentatif de la photo documentaire et de la photographie de création». Parmi 562 dossiers, huit -quatre hommes et quatre femmes- ont été choisis par le jury, présidé par Jean-Christophe Godet, fondateur et directeur artistique du festival de Guernesey.
La montée en puissance de l’Europe de l’Est
Les huit photographes en accrochage arrivent d’Italie (Giuilio Favotto), d’Italie et Uruguay (Federico Estol), de Pologne (Tomasz Kaweccki), d’Espagne (Manuela Lorente Cort), d’Espagne et Belgique (Masha Wysocka), de Hongrie (Balàzs Turos), de Biélorussie (Sasha Velichko) et de France (Rima Samman). Pour élargir le regard sur les univers de la jeune photographie européenne, les Boutographies proposent aussi, toujours aux Echelles de la Ville et faute de place suffisante pour des accrochages, dix projections de Julien Athonady, Jade Joannès et Elie Monferier (France), Kamil Zihnioglu (France/Allemagne), Alex Bex (France/Etats-Unis), Massoumeh Bahrami (Iran), Nicolas Dykmans (Belgique), Ludovica Limido (Italie), Dimitris Mytas (Grèce) et Kinga Wrona (Pologne).
Christian Maccotta éclaire cette carte européenne des photographes invités : «Pendant une période longue, l’Europe de l’Ouest l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, voire l’Italie, étaient fortement présentes. Ces dernières années, pour des raisons économiques et artistiques, les pays d’Europe de l’Est sont montés en puissance, notamment la Pologne, la Biélorussie et la Hongrie, avec des îlots de résistance culturelle et politique, comme l’école Capa, du nom du photographe né à Budapest.»
La subjectivité à la hausse
Quelles sont les grandes tendances ? «De moins en moins de photos de témoignage, dans la veine de la photo documentaire classiques, et de plus en plus de constructions d’un propos, d’un sens. Les photographes cherchent des images existantes et les mettent en scène. Il y a moins d’images prises sur le vif et davantage d’images récupérées, fabriquées. Les photographes ne disent plus ‘’Je transcrit le monde‘’ mais ’’J’assume ma subjectivité, mon intentionnalité.’’ Cette démarche se traduit par des photos inspirées par les écoles des Beaux-arts et les arts plastiques, des travaux qui construisent un récit ou par des recherches sur la masculinité (Giulio Favotto), l’environnement (Tomas Kawecki) ou encore des façons de bousculer les images de la presse en les revisitant (Rima Samman, Sasha Velichko, Masha Wysocka).
L’IA… avec beaucoup de précaution
Dans ce mouvement novateur et émancipateur, quel est l’impact du déferlement des images artificielles ? Christian Maccotta analyse les mutations en cours : «Des photographes s’approprient l’IA, mais avec beaucoup de précautions. Pour éviter le nivellement par le bas, via des images normalisées, ils les détournent. En brouillant le prompt (l’instruction donnée à la machine), ils cherchent à perturber ce que l’IA produit de conventionnel. Mais, pour le moment, ce n’est pas un phénomène massif.»
En quoi la programmation des Boutographies correspond aux attentes des visiteurs ? «Nous touchons tous les publics, assure Christian Maccotta. L’an dernier, ils étaient 20 000. Parmi eux, il y en a plus pointus qui viennent chercher l’inspiration».
Les BOUTOGRAPHIES du 10 mai au 1er juin. En savoir +.
Et aussi :
-A l’hôtel d’Aurès, «Fractures et fragment», résidence sur le handicap de Laurence Briat, qui vit et travaille à Saint-Clément-de-Rivière.
-La section parallèle (Maison de Heidelberg, Orangerie du Jardin des plantes, Faculté des sciences).
-La section hors-les-murs (à Montpellier : galerie du Bar à photo, Up/Side Town Galerie, ACB & Co, à Castries : Espace Paradan).
-«Vélo Bouto» : des circuits à vélo les 17 et 24 mai.