Beaucoup de monde ce week-end pour voir la Banksy Modeste Collection au musée d’art urbain Parcelle 473 à Malbosc. Une collection française privée unique qui possède plus de 200 originaux du mystérieux street-artiste. Jusqu’au 15 juin. C’est gratuit.
Banksy est une figure incontournable du street art. Et l’une des plus populaires. Pochoirs, peintures, sculptures, détournements d’objets urbains ou d’œuvres classiques, installation : depuis les années 90, son œuvre rayonne sur tous les continents.
Justicier du street-art
Il est très probablement britannique, né en 1974 à Bristol, mais il est parvenu à protéger son anonymat. Depuis 30 ans, Banksy joue les usurpateurs, s’introduit dans les plus grands musées, multiplie les coups, les détournements. Il excelle dans le canular artistique, à mi-chemin entre l’humour de Marcel Duchamp et l’élégance facétieuse d’un héros de série anglaise. Avec une tendresse particulière dans le trait : sa fameuse petite-fille, la « Balloon Girl », dont la première version connue a été réalisée en 2002 sur un mur du pont de Waterloo à Londres, c’est une innocence qui s’envole…
C’est cette même petite fille qui a été au cœur d’un moment unique dans l’histoire de l’art contemporain. Une de ses toiles s’est partiellement auto-détruite lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s à Londres en 2018 devant un public médusé, juste après avoir été vendue pour plus d’un million d’euros…. Un coup de génie qui a encore renforcé la cote de ce Robin des bois aigu en affaires.
À Marseille, Bansky vandalisé
Dans l’espace public, effet de cette popularité hors-normes, ses oeuvres sont fragiles. La semaine dernière, à Marseille, une nouvelle fresque attribuée à Banksy a été dégradée moins de 48 heures après avoir été conçue. Cette création, représentant un phare -avec cette phrase «Je veux être ce que tu as vu en moi»-, a du être restaurée en urgence puis protégée par un plexiglas. La muséification, en principe contraire à l’esprit du street-art, est donc aussi un moyen de préserver cette œuvre sans équivalent.
Une collection engagée
C’est à Londres, en 2007, que tout commence pour François Berardino, plus connu sous le nom de Béru. Comédien de rue, il rencontre, par hasard, un artiste graffeur qui lui offre deux dessins. Il réalisera quelques semaines plus tard, qu’il a passé une soirée avec Banksy. Cette rencontre marque le début d’une passion et d’une quête. Pendant des années, le comédien multiplie les acquisitions retraçant le parcours de Banksy. Il possède aujourd’hui plus de 200 originaux multiples numérotés (sérigraphies), issus de la maison d’édition de l’artiste, parfois signés « West Country Prince ».
En 2020, alors que les œuvres s’entassent chez lui, Béru envisage de les vendre. Mais un ami, Thierry Angles, lui propose une autre idée : utiliser cette collection pour sensibiliser le public et soutenir des causes justes. C’est de là que naît la Banksy Modeste Collection. Depuis juillet 2021, la collection, qui tourne dans toute la France, a vu passer près de 230 000 visiteurs et a permis de redistribuer, via un fond de donation, plus de 250 000€ aux associations solidaires.
Un musée solidaire
Jusqu’au 15 juin 2025, la Banksy Modeste Collection fait escale au musée d’art urbain Parcelle473, à Montpellier. 280 oeuvres sélectionnées, textes d’accompagnement et scénographie mettent à l’honneur le thème du droit au logement, en lien avec les thématiques banksyennes comme la précarité, l’exclusion, les sans-abris ou les réfugiés. Dès l’entrée, on peut voir des images du navire humanitaire de Louise Michel, qui a été financé et décoré par Banksy en 2020, dans le but de sauver des migrants en Méditerranée.
Un partenariat raccord avec l’esprit solidaire de Parcelle473 qui est bien plus qu’un musée : c’est aussi une association qui vise à réduire les inégalités d’accès à la culture. Fondé par Laurent Rigail, le lieu travaille avec des jeunes en difficulté, issus de milieux précaires ou hospitalisés, afin de leur offrir un accès continu à l’art. A Parcelle473, on considère l’art urbain comme «un élément majeur de l’art contemporain et un vecteur de solidarité sociale». La collection est à sa place dans un lieu où l’art est un droit. Loin du luxe des grandes galeries, cette exposition gratuite est fidèle à l’esprit de Banksy.
La BANKSY MODESTE COLLECTION jusqu’au 15 juin.
• Horaires d’ouverture au public : 11h à 19h.
• Nocturnes : les samedis 31 mai et 14 juin jusqu’à 22 h.
• Accueil des scolaires et centres de loisirs (avec médiation) : 9h à 11h.
