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L’Espiguette, la nuit : plus jamais ça !

Qu’ont en commun une nuit de camping sauvage au Québec, un hammam à Istanbul, le trajet Montpellier-Toulouse en moto ou une visite chez l’esthéticienne? Ce sont des expériences vécues par l’écrivaine Marie Urdiales. Ou plutôt : subies. Avec beaucoup de mauvaise foi et une bonne dose d’humour noir. Neuf expériences du quotidien réunies sous le titre « Plus jamais ça ! ». Après la méditation et les sites de rencontre et le shopping un jour de soldes, une virée à l’Espiguette la nuit qui tourne mal.

 

 

Si vous avez lu jusqu’ici, vous avez appris au moins une chose : les événements ne sont jamais ceux auxquels on s’attend. Jamais. Et même que souvent, ils ne ressemblent carrément pas à ceux que vous aimeriez attendre. Parce que des fois, vous n’attendez rien, et ça arrive quand même. Sauf que c’est différent.

Un Renault Trafic année 2010

Tenez, vous par exemple, vous aimez les belle bagnoles. Genre l’Aston Martin de James Bond revue par Q, ou la Deuche de votre père quand vous étiez ado. Sauf que là, telle que vous vous surprenez vous-même, vous prenez votre élan pour grimper, avec moins d’élégance que de dextérité, dans un Renault Trafic année 2010. Plus de 100 chevaux, 1600 tr/mn, 9,3 litres au cent, six places assises. Enfin, normalement. Parce que là, quand vous vous retournez, vous ne comptez que trois places assises. Et deux couchées. Vous avez bien lu, oui : trois assises, et deux couchées.

Tout ça parce que cet homme que vous n’auriez jamais dû rencontrer a troqué une banquette arrière bien de chez nous contre un clic-clac suédois. Clic-clac au-dessus duquel pendouille ce qui ressemble fort à un filet de courses déstructuré, dans lequel paraît flotter une collection aussi hétéroclite que peut l’être celle composée d’objets nécessaires à la survie en milieu naturel d’un homme adulte. Même si là, l’utilité d’un collier de trombone en milieu naturel vous échappe encore. Deux semaines que vous ne vous êtes pas vus, et devinez qui est super content de démontrer que le Trafic en mode Njut njut, c’était une super bonne idée. Eeeeeh oui ! Et devinez à qui il veut le prouver ? Encore gagné ! Petite veinarde va. Vernie des Dieux du matelas à ressorts, y’a pas à dire ! Bon, comme vous avez vraiment du bol, vous n’aurez droit qu’à une seule nuit, si si, promis

Vous n’êtes pas faite pour le camping sauvage

Une nuit, d’accord, mais où ? Résumons : lui connaît désormais non seulement le nombre de boulons sur une banquette arrière de Renault Trafic, mais aussi tous les emplacements gratuits, sympas, et garantis sans eau courante ni électricité entre l’Alsace et les Cévennes. Vous, vous savez sur le bout des doigts les taxes de séjour sur l’ensemble du littoral et les petites chambres d’hôte ravissantes entre l’Espagne et l’Italie. Et depuis votre expérience québécoise (lire « Le Camping alternatif ») vous êtes convaincue d’une chose : soit vous n’êtes pas faite pour le camping sauvage, soit c’est le camping sauvage qui n’est pas fait pour vous, en tout cas, vous n’êtes pas faits l’un pour l’autre. Sauf que ce soir, et pour la deuxième fois de votre vie, vous allez dormir loin, très loin de la civilisation, loin du moindre robinet d’eau, même froide, loin de toute chasse d’eau, même sèche (les toilettes sèches, jamais entendu parler ?) Bref, loin, très loin, de tout interrupteur directement relié à l’une de ces centrales atomiques contre lesquelles vous militez à grand renfort d’autocollants sur votre vélo. Là, si on y réfléchit bien, le seul lien qui vous relie à votre univers, c’est l’allume-cigare. Yeap.

Comme d’hab’, et alors que vous cherchez fiévreusement une excuse bidon pour vous défiler, le Déboulonneur vous a par les sentiments. « Viens ! » murmure-t-il ainsi à votre oreille, « viens ! Je nous ai préparé un pique-nique ! » Vous paniquez. Non ! Pas la bouffe ! Pitié ! Pas la bouffe ! Mais si. La bouffe. Rien, les filles je vous le dis, absolument RIEN n’est plus dangereux qu’un mec qui vous connaît bien. Du coup, eau courante ou pas, vous grimpez dans le Trafic telle une victime du joueur de flûte de Machin.

Le monde change et se multiplie

Qui d’entre vous pense « Espiguette » tandis que vous longez le littoral ? Je ne voudrais pas casser l’ambiance, mais il y a des chances que ce soit vous. Pourquoi ? Parce qu’il y a de ça de longues années, vous avez écrit un reportage sur le dernier phare encore en fonction, sur ce putain de littoral. C’est une femme qui s’en occupait, et vous aviez fait son portrait. Or ce soir, deux déformations ont la malchance de se percuter sur la banquette avant d’un Trafic aménagé en camping-car. D’un côté, vous, femme, en train de partir en week-end avec votre mec. De l’autre côté, vous, journaliste, qui avez réalisé des dizaines de reportages touristiques sur la région. Et un peu comme dans « 2001 Odyssée de l’espace », mais moins théâtral que dans « Matrix », à un moment, les deux entités entrent en connections, calcul calcul calcul, mise en commun des informations, mise en commun : effectuée, et là, une voix qui ressemble étrangement à la vôtre s’exclame : « Ah ben oui ! L’Espiguette ! » Logique : pour avoir fait un reportage sur le dernier être vivant là, vous savez qu’à l’heure qu’il est, il n’y aura plus personne, à l’Espiguette. Ce qui, d’après le propriétaire du Trafic déstructuré, est pile-poil ce qu’il vous faut.

Un vague souvenir de l’Espiguette

Vous arrivez donc à la plage de l’Espiguette peu avant la tombée de la nuit, plutôt confiante car vos souvenirs vous font croire que vous savez où vous allez. Ce qui est faux, bien sûr. Une vraie fourberie de souvenirs ça encore. Parce que quand vous arrivez à l’Espiguette en question, il n’y a pas « pas de monde », comme lorsque vous aviez interviewé la gardienne du phare. Il y a, au contraire et dans le désordre : un immense parking pour lequel on doit payer, de 8 h du mat’ à 19 h le soir. De quoi trier les déchets de l’ensemble de la côte méditerranéenne, certes une excellente initiative, mais peu esthétique, niveau contenants. Une… chose gigantesque en plastique, de forme ovoïde, dont vous espérez que ce soit l’équivalent de la baraque avec le trou du camping alternatif québécois. Des toilettes quoi. Sèches ou mouillées, à la limite, vous vous en foutez. Il y a aussi des petites guérites de gardiens, vides à l’heure à laquelle vous arrivez. Plus une sorte de baraque à frites, sur la plage. Et des dizaines de camping-cars, sur le parking. Qui ont visiblement charrié des dizaines d’amateurs de tourisme sauvage, sur cette parcelle désormais domestiquée de l’Espiguette. Vous vous garez au milieu des autres, sans chercher à comprendre pourquoi la nuit, tous les chats sont gris si tous les camping-cars sont blancs. Et vous partez à l’assaut de la plage parce que c’est l’heure du pique-nique et que vous avez faim.

C’est pané à volonté

Si vous avez suivi jusqu’ici, vous avez appris au moins une chose : dès que certaines personnes quittent leur environnement citadin naturel, et s’aventurent dans la verdure, le vent se lève. C’est comme ça : où que vous alliez, dès que vous passez le panneau avec le nom de la ville barré en rouge, le vent se lève. Là, vous et votre adepte de milieu naturel êtes installés sur la plage, non loin de la baraque à frites qui ferme au moment même où vous arrivez (et ce alors qu’on peut être sûr qu’il y a des toilettes) et à peine a-t-il sorti de sa besace le pique-nique annoncé que, hop ! le vent se lève. Heureusement que ça fait longtemps que vous avez abandonné l’idée de réussir un brushing, un jour, sinon, là, ce serait déjà raté. Heureusement aussi que vous aimez le camembert pané parce que là, c’est exactement ce que vous allez manger. Avec du saucisson pané, du pain pané, du chocolat pané, et d’ailleurs, même le vin est pané parce que ainsi vont les choses : quand on pique-nique à la plage un soir de grand vent, c’est pané à volonté. Vous terminez ce qui sera certainement le pique-nique le plus court de votre histoire avec les cheveux panés. Et les dents, aussi.

Une horde des Pays-Bas

Commence alors la partie la plus cocasse de votre escapade en milieu naturel printemps/été 2018. Revenus au parking où vous aviez laissé le Trafic réaménagé, vous constatez qu’en l’espace d’un pique-nique sableux, pratiquement l’ensemble d’une ville moyenne des Pays-Bas s’est donné rendez-vous en camping-cars sur le dit parking, et qu’ils ont encerclé votre véhicule. Armé de chaises, de tables pliantes, de glacières reliées à l’allume-cigare et de groupes électrogènes, un troupeau de Bataves s’apprête à vider l’équivalent d’une supérette en canettes de bière, tout en mangeant une mixture qui, de loin, ne s’apparente pas à grand chose, et de près non plus, d’ailleurs. Lorsque l’un des Blondinets d’un mètre 92 environ sort un écran plat muni d’un récepteur satellite, vous comprenez que vous n’allez pas échapper à une retransmission en direct du dernier Ajax d’Amsterdam contre le Bayern de Munich, à moins d’aller voir ailleurs si les Hollandais n’y sont pas.

Un magnifique ciel étoilé

Problème : ni vous ni votre mec n’êtes en mesure de reprendre le volant. Pas Hollandais, lui. A cause du camembert. Oui, bon, d’accord, à cause du camembert et du petit rouge bien de chez nous qui l’accompagne toujours, en pique-nique. Vous faites donc la seule chose humainement et éthyliquement raisonnable, à savoir que vous déplacez le Njut Njut Trafic d’environ 500 m. Pour le garer le long du canal. Où vous êtes les seuls à vous garer. L’espace d’un instant, l’idée vous effleure de vous demander pourquoi vous êtes les seuls à vous garer ainsi loin de vos potes camping-caristes. Mais disons qu’après une bouteille de rouge, niveau capacités de réflexion, ça coince un peu. Vous vous installez confortablement pour finir le verre qui reste, sachant que « confortablement » ici, signifie qu’une partie du corps est allongée sur le clic-clac, tandis que l’autre partie, en l’occurrence la tête et le gobelet de rouge, sort du véhicule par la porte arrière, grande ouverte. Vu de loin, on pourrait presque vous prendre pour une figure de proue des temps modernes. Vu de loin, j’ai dit. Ce qui est sympa, c’est qu’ainsi, vous apercevez un feu d’artifice tiré on ne sait d’où, alors que, si vous vous retournez de façon à être sur le dos, vous avez au-dessus de vous un magnifique ciel étoilé. Parfois, vous regrettez presque de ne pas être plus romantique.

La danse des voitures

Au bout d’un temps indéterminé, vous êtes assez fatiguée pour envisager de vous coucher dans l’espace clos du Trafic, et assez imbibée pour croire que vous allez dormir, et même bien. Grâce à une souplesse hors du commun et une communication sans faille, votre compagnon et vous parvenez à vous ranger de façon assez crédible sur le canapé sans trop vous taper le crâne. C’est là que vous comprenez -enfin !- l’intérêt des trombones : ils servent à maintenir devant les vitres les rideaux que l’homme confectionne avec tout ce qui traîne. Tout sauf votre chemisier en dentelle, que vous parvenez à lui reprendre de justesse. Vous finissez par vous installer, avec comme un petit air de gisant qui vous sied à merveille. Vous fermez les yeux, et faites des exercices de relaxation pour vous détendre malgré la proximité du plafond -le clic-clac a été rehaussé afin de libérer de l’espace de rangement, dessous- proximité qui s’accorde mal avec le fait que vous êtes claustrophobe. Vous sentez le sommeil, combiné au 14 degrés d’alcool du rouge régional, lentement vous envahir. C’est à ce moment précis qu’une voiture fait un dérapage contrôlé juste à côté de votre véhicule. Vous sursautez et vous cognez le crâne contre le plafond, toujours aussi bas. Votre fréquence cardiaque est inversement proportionnelle à la respiration paisible de l’Homme aux Boulons. La voiture repart. Vous vous traitez d’hystérique et vous rallongez. Vous sentez le sommeil, combiné etc etc etc. C’est à ce moment précis qu’une AUTRE voiture freine à quelques mètres du Trafic. Suivie d’une autre. Vous entendez les moteurs tourner, l’une de ces voitures roule au diesel. L’homme dort toujours. Faut croire que le vin du soir est porteur de plus d’espoirs pour certain que pour d’autre.

Vous restez un moment à écouter, aux aguets. Les voitures finissent par s’éloigner. Sauf que vous amorcez à peine le mouvement descendant pour vous recoucher qu’une nouvelle voiture arrive. Doucement, celle-là. Elle s’arrête prêt de votre véhicule. Coupe le moteur. Et ne bouge plus. Le bruit le plus étourdissant est désormais celui des battements de votre cœur. Qui vous annonce qu’il va lâcher d’une seconde à l’autre. Vous ne pouvez même pas lui en vouloir. Vous êtes tellement paniquée que vous n’osez même pas réveiller celui qui vous a pourtant foutue dans cette pu… de bo… de me… de situation. Arrêter de respirer est certainement une excellente astuce pour ne pas être entendue par la Voiture Silencieuse et Menaçante juste sous votre vitre. En revanche, ça devient vite assez oppressant. Juste avant que vous ne syncopiez, la voiture démarre, et part. Vous faites alors la seule chose à faire dans cette situation : vous vous ruez sur l’homme qui dort et le secouez en hurlant. C’est bon, vous pouvez arrêter : il ne dort plus. Vous lui faites alors ce que vous pensez être une description précise et condensée du défilé incessant de voitures devant le Trafic. Lui ne perçoit qu’une voix dont les aigus lui vrillent le tympan, sortant par saccades de la bouche de cette femme aux yeux exorbités dans laquelle il peine à vous reconnaître. Faut dire qu’il est pas encore bien réveillé, le pauvre. Vous reprenez à peine votre souffle que là ! De nouveau ! Vous entendez une voiture qui se rapproche. Se gare. Coupe le moteur. Malgré vos cris chuchotés, le Clic-Clac-Man fait péter deux trombones pour jeter un œil. Le spectacle est terrifiant. A deux mètres de vous, une Twingo foncée est garée, tous phares éteints. L’homme remet les trombones. Maintenant complètement réveillés tous les deux, vous attendez un peu. Et là, inutile de faire durer le suspense, autant le dire tout de suite : vous assistez, pendant le quart d’heure qui va suivre, à un ballet impressionnant de voitures sous votre vitre. Facilement influençable et dotée d’une imagination fertile, vous finissez par murmurer, inquiète : « Ils vendent de la drogue, tu crois ? » Et là, félicitations : vous venez de foutre la pétoche à un mâle qui, d’habitude, ne craint rien de rien. Dès que la danse des voitures fait une pause, vous filez vous planquer entre les camping-cars néerlandais…

Le lendemain…

Réveillée dès l’aube par le bruit d’un essuie-glace qu’on claque sur un pare-brise, vous sursautez, l’œil torve à peu amène. Vous mettez un moment à 1) comprendre où vous êtes, 2) vous souvenir pourquoi vous y êtes. Dès que vous avez réussi à ordonner à peu près vos esprits, vous décidez qu’il n’y a aucune raison que vous soyez la seule à ne pas atteindre vos huit heures de sommeil. Vous réveillez l’homme d’un joyeux
⦁ Nan mais t’as entendu ? c’était quoi ce bruit ?
Ce à quoi il vous rétorque
⦁ Mais rien ! Juste un mec qui a collé un papier sur le pare-brise.

Parce que, même quand il dort, l’Homme SAIT. De même que dans certaines contrées, il y a des hommes capables de savoir si c’est un chameau ou un dromadaire qui fonce sur vous toutes pattes déployées, dans notre civilisation, l’homme reconnaît le bruit de ses essuie-glaces qu’on claque sur le pare-brise. C’est dingue, un mec ! Ce qu’il ne reconnaît pas à l’oreille, par contre, c’est que ce n’est pas une pub pour la baraque à frites de la plage qu’on vient de lui fourguer, non : ce qu’une main pas forcément innocente a collé sur la vitre, c’est l’annonce faite par la municipalité que vous allez devoir vous acquitter d’une taxe équivalent à une nuit en camping pour avoir passé la nuit là, à ne pas dormir. Ça, ça a le mérite de réveiller l’homme d’un coup d’un seul, même si vous vous seriez bien passée du chapelet d’injures qui fait office de « bonjour ». Mais dans la mesure où de vous deux, lui seul est en mesure de bricoler du café à partir d’un réchaud à gaz, ça vous arrange, qu’il soit réveillé.

Partouzes en tout genre

A propos de café : le temps de trouver un endroit adapté, et de convaincre votre vessie qu’après avoir bravement tenu 14 heures, il serait bon de faire moins de chichis et plus de pipi (oui, parfaitement, même entre deux roseaux, avec vue sur une plaque hollandaise) vous retrouvez votre mec en train d’en offrir un, de café, au gardien responsable du papier sur le pare-brise. Comme quoi personne n’est vraiment rancunier, dans cette histoire. Bref, non seulement ce petit café matinal vous permet d’économiser la taxe parce que le gardien vous trouve sympas, mais en plus, vous apprenez enfin pourquoi ce ballet nocturne de voitures devant votre camping-car. Il se trouve en effet que l’Espiguette est connu pour être un lieu prisé des amateurs d’échangisme et de partouzes en tout genre, à voile, à vapeur, et donc, à diesel, aussi. Toujours d’après le gardien, les us et coutumes du lieu veulent que quand on sent pour ainsi dire une ouverture, on vienne toquer à la porte du véhicule garé pile-poil au point chaud du lieu, autrement dit l’endroit même où un instinct incomparable vous a fait vous garer la nuit dernière. Pour une raison que vous ignorez, tout le monde a pris votre Njut Njut Car pour un Trafic de débauchés, mais quelle qu’en soit la raison, personne n’est venu frapper à la porte.

Fort heureusement. Avec cette bonne éducation qui est la vôtre, vous auriez été capable de répondre « mais entrez donc ! Je vous en prie… »

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Anne Line Prodan
Anne Line Prodan
2 années il y a

Excellent !

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