C’est dans les rues escarpées du quartier d’Alco, près de l’avenue du Père Soulas, que se trouve la résidence artistique estivale Lez’art, initiée par Novalim Promotion. Une vingtaine d’artistes, principalement issu.e.s de la scène montpelliéraine, oeuvrent à transformer deux villas d’une surface de 450m2, en une véritable maison-galerie, après quoi elles seront transformées en appartements. Tout l’été (jusqu’au 15 septembre), la visite est gratuite.
La première grande initiative du genre s’appelait “Parcours” : une maison des Arceaux confiée par l’architecte François Fontès à Al Sticking, Salamech et Smole (fin 2012, début 2013) avait attiré 16 000 personnes. Depuis, il n’est pas rare de voir s’allier promoteurs et artistes. Sans oublier une politique de commande qui a explosé ces dernières années, émanant des grands capitaines d’industries que sont les promoteurs en Languedoc. Exemple : la fondation GGL avec les superbes fresques de l’Hôtel Richer de Belleval, siège du restaurant et de l’hôtel-restaurant des Pourcel.
A l’initiative du projet, cette fois, le promoteur immobilier Novalim Promotion, qui avait déjà expérimenté l’urbanisme transitoire (de moins grande échelle) à Vendargues, il y a deux ans, où avait été réhabilitée une maison bourgeoise mise à disposition de trois artistes. Lorsqu’il a eu à travailler sur la rénovation de ces deux villas à Alco, Ronald Queral, co-fondateur de Novalim, a voulu réitérer l’expérience : “Je me suis dit : c’est idiot, on ne va pas attaquer les travaux avant octobre. Donc quitte à renouveler l’opération, autant créer une véritable résidence d’artistes”.
Pour l’agencement de ce lieu de coopération créative, Novalim a fait appel à Ciüdad, studio de direction artistique montpelliérain né en avril dernier. Matéo et Borhan, les dirigeants (photo), s’emploient à créer les conditions d’un lieu qui puisse être structuré sans contraindre les artistes : “Ils ont carte blanche, ils peuvent créer, coller sur les murs ce qu’ils veulent. On essaye de garder une direction artistique pour que l’ensemble reste cohérent. Chacun est tenté de rester dans son univers ! On est là pour aiguiller, leur faire explorer autre chose…“ souligne Bohran.
Une dizaine de pièces de ces anciennes demeures font office d’ateliers et sont occupées par les artistes avec une totale liberté d’action : “Avoir un endroit où on peut faire absolument tout ce qu’on veut, c’est rare. Au début j’étais timide, je ne peignais pas sur les murs mais maintenant je me libère totalement, je prévois de peindre le plafond et de faire une salle en mode chapelle sixtine !”, confie Fahreneit, crayon gris à la main, dans son atelier.
D’autres espaces sont consacrés à la collaboration artistique. C’est le cas de certaines pièces communes, comme cette salle de bain repeinte intégralement en blanc au début du projet et destinée à déborder de couleurs à son terme, mais également ces façades vouées à générer cette coopération créative par l’élaboration d’œuvres mutuelles. Aussi “Tuareg”, la femme au turban qui semble épier la venue des visiteurs de la résidence, est un dessin de l’architecte et artiste montpelliéraine d’origine libanaise et guinéenne Mysoufane, collé sur un fond de l’Atelier Galice.
Pour animer la galerie, Ciüdad prévoit d’organiser des projets avec des écoles de théâtres et de design, des soirées, des vernissages en l’honneur de l’un des artistes de la résidence qui pourra installer ses œuvres au rez-de-chaussée dans une salle d’exposition abritant une dizaine de fresques verticales, disposées les unes à côté des autres. “Évolutive”, la galerie peut-être visitée plusieurs fois au gré de l’avancée des travaux. Certaines peintures pourront d’ailleurs conservées dans les futurs appartements.
Le lieu est ouvert au public du vendredi au dimanche, de 10h à 21h45, au 228, rue de Casseyrols. Décrochage le 15 septembre. Photos à la Une et photo de Poupi von Craft @Agnès Duret.
Avis aux artistes : quatre ateliers sont encore inoccupés, les candidatures sont reçues sur le compte Instagram de Ciüdad : @6iudad.