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Une légende vivante en ouverture du Festival de Radio France 2023

Sir John Eliot Gardiner, 80 ans, l’un des plus grands chefs mondiaux, a ouvert le “nouveau” festival de Radio-France, recentré géographique sur Montpellier et musicalement sur des valeurs sûres. Gardiner a transcendé l’orchestre avec une direction puissante pour une Symphonie fantastique de Berlioz d’anthologie.

 

On ne lésine pas sur les valeurs sûres cette année au Festival Radio France : une édition géographiquement plus recentrée sur Montpellier, un budget dégraissé et une programmation concentrée sur des incontournables. Après les années Covid et le désengagement de la région Occitanie, retourner à des essentiels tout public semble être le choix de la nouvelle équipe et de son directeur Michel Orier pour assurer un nécessaire succès populaire et financier (4ème personne en partant de la droite sur la photo).

Deux monstres sacrés

A 80 ans, Sir John Eliot Gardiner est un des chefs les plus prestigieux : une réputation internationale forgée dans sa maîtrise absolue de la musique baroque puis d’un répertoire plus romantique avec Beethoven et Berlioz dont il est devenu un spécialiste incontesté. A 26 ans, le jeune pianiste virtuose français Alexandre Kantorow, premier prix et Médaille d’or du concours Tchaïkovski 2019, joue depuis longtemps déjà dans la cour des grands : tombé tout petit dans la marmite, fils du célèbre violoniste et chef d’orchestre Jean-Jacques Kantorow, il débute le piano à 5 ans et devient concertiste dès l’âge de 16 ans. Une carrière déjà très riche qui lui vaut une Victoire de la musique en 2020 dans la catégorie soliste instrumental.

Beethoven ouvre le bal

Avec le Concerto pour piano et orchestre n°4 en Sol Majeur, Kantorow instaure un dialogue avec l’orchestre philarmonique de Radio France sous la baguette énergique et dynamisante de Gardiner. La vélocité et une extrême précision d’exécution, la finesse du jeu. Autant d’atouts que le jeune pianiste met au service d’une partition très romantique : une écriture élaborée et très classique dont la perfection se teinte parfois d’une once d’ennui. Un avis très personnel que ne partage visiblement pas un public enthousiaste auquel le jeune musicien offre en bis, une pièce pour piano de Johannes Brahms.

Un Berlioz qui décoiffe

Si “la musique de Bach est la seule preuve tangible de l’existence de Dieu” comme l’affirmait Cioran, si Mozart est la preuve tangible du génie absolu, Berlioz, lui, est un sommet de créativité, de sensibilité et de fantaisie. La Symphonie Fantastique composée par un Berlioz âgé d’à peine 27 ans vous attrape à la racine des cheveux, vous emporte et ne vous lâche jamais ! Tout est folie et démesure dans cette œuvre : plus de 80 musiciens, une orgie de cordes graves (pas moins de 6 contrebasses), 4 harpes, des vents et des cuivres, des percussions diverses dont des cloches, timbales et tambours. Une débauche sonore qui ne serait rien sans une écriture à la fois sauvage, loufoque ou dramatique ! Cette œuvre contemporaine du Hernani de Victor Hugo, bouleverse aussi les codes dès la première représentation en 1830 et initie la “musique à programme” c’est à dire narrative et descriptive.

Un tumulte orchestral démentiel

La fougue et la jeunesse de l’œuvre, Gardiner se les approprie et tient la distance : 55 minutes d’un tourbillon haletant que le jeune octogénaire insuffle à un orchestre survolté. La valse du 2ème mouvement avec ses reprises diaboliques d’un demi-ton au dessus ou l’adagio du 3ème mouvement inspiré de la Pastorale de Beethoven resplendissent de complicité avec l’orchestre. La direction est survitaminée et l’orchestre répond au quart de tour instaurant un véritable moment de grâce.

Le Dies irae du 5ème mouvement qui sonne comme un glas inaugure un tumulte orchestral démentiel qui emporte littéralement le public dans un tourbillon que clôture un accord final extraordinaire ponctué d’un non moins magistral coup de cymbales. Quelques secondes de flottement  précèdent une vague d’applaudissements et une standing ovation : une salle comble et enthousiaste  à l’opéra Berlioz qui n’a jamais aussi bien porté son nom.

Photos Marc Ginot.

Pour voir la programmation du festival de Radio France, c’est ici

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