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Les femmes dans le Visa

La sélection 2023 de Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme de Perpignan, est à l’épicentre des problématiques écologiques, politiques et sociales qui ébranlent l’humanité. Comme un fil rouge qui parcourt guerres, famines, précarité et violences, la souffrance des femmes éclate dans de multiples clichés, un leitmotiv lancinant qui heurte, dérange et questionne. Visible jusqu’au 29 septembre.

Les femmes au cœur de toutes les tempêtes

Pas moins de 7 femmes photojournalistes à l’affiche cette année : elles offrent un regard privilégié et traquent ces points de rupture où l’humanité bascule et dont les femmes sont avec les enfants, des victimes prioritaires : de l’Iran à l’Amérique du sud en passant par l’Afghanistan ou la Méditerranée , la litanie de ces douleurs devient par la force des images, d’une évidence criante.

Mahsa Amini et la révolte iranienne

Pas de journalistes et pas de photographes accrédités en Iran pour couvrir les évènements qui se déroulent depuis septembre 2022, date de la mort de Mahsa Amini, tuée pour avoir laissé dépasser une mèche de cheveux. Impossible de se rendre sur place mais impossible de ne pas témoigner : deux journalistes du Monde ont collecté une série de clichés authentifiés, témoignages où certes la qualité technique n’est pas toujours au rendez-vous mais qui nous ébranlent par leur audace ou par leur violence. Crâne rasé, en position fœtale, l’artiste Elham Abbasloo pose allongée sur un lit de cheveux coupés par des femmes à travers le monde, des clichés de femmes aux visages tuméfiés succèdent à d’incroyables images de femmes aux cheveux dénoués bravant la mort dans des rues bondées, traquées par les gardiens des bonnes mœurs. L’affiche du festival est l’une d’elle : de dos, cheveux librement dénoués, une jeune fille debout sur le toit d’une voiture fait face à une marée de manifestants.

Le pire pays pour les femmes

Récompensé par le Visa d’or Magazine, l’iranien Ebrahim Noroozi  (Associated Press) nous entraîne dans un voyage en absurdie : l’Afghanistan, un pays où les femmes sont rayées de la carte. Des clichés surréalistes de jeunes femmes entièrement voilées mais déterminées à pratiquer des sports dont elles rêvaient avant l’arrivée des talibans tout en étant interdites d’école, de rue, de marchés, de stade.

L’image inouïe d’une équipe de foot féminine en tchadri d’où dépassent une chaussette et une chaussure à crampons côtoie la photo poignante de fillettes voilées apprenant le Coran sous l’œil d’un mollah ou le cliché de parades triomphantes de talibans dans les rues de Kaboul mais aussi celle dérisoirement optimiste d’une école clandestine pour filles (également photo à la UNE).

L’Amérique de Stéphanie Sinclair

De la guerre en Ukraine aux migrants de Méditerranée , d’Amérique du sud  à Los Angeles, du Sahel jusqu’en Sibérie : des visages de femmes traversent nos regards et semblent hanter les rues, les déserts et les ruines .

Stéphanie Sinclair avec Grossesses à haut risque après l’arrêt Dobbs témoigne du quotidien des femmes depuis « l’arrêté du premier battement « qui permet à chaque état de réglementer le droit à l’avortement. Des clichés noir et blanc pris dans une clinique de Cleveland démontrent les conséquences pour les femmes et leurs médecins et témoignent de leur désarroi.

Darcy Padilla (Agence Vu/notre photo) expose son California Dreamin, un voyage parmi les 115 000 sans-abris de Californie dont la moitié dort dans les rues de Los Angeles. Des images noir et blanc très contrastées où éclate la précarité de ces femmes : difficile d’oublier le visage de Stéphanie, femme transgenre qui vit dans la rue depuis 1980, diabétique et amputée d’une jambe ou celui de cette jeune femme hagarde sous sa casquette de base-ball…

Mais on retrouve d’autres américaines plus pimpantes dans leurs uniformes nazis au centre du magnifique reportage de Mark Peterson (Redux Pictures) Le passé n’est jamais mort, sur l’Amérique complotiste, extrémiste et suprémaciste : de magnifiques clichés noir et blanc très travaillés où les croix gammées et les saluts hitlériens interpellent nos regards européens.

Les réfugiés climatiques de Sandra Mehl

Sans eau, nous mourrons : les images de Giles Clarke (New York Times) témoignent de la vie des populations de Somalie après cinq saisons de sècheresse, victimes de famines et de violences de groupes armés. Un million et demi de personnes ont été déplacées vers des camps : fillettes et femmes marchent dans le désert poussant des bidons dans l’espoir de trouver de l’eau. Images en couleurs aux contrastes saturés, la douleur explose sur ces visages amaigris.

La française Sandra Mehl poursuit des traces disparues dans Louisianne : les premiers réfugiés climatiques des Etats-Unis. Elle suit le sort des familles vivant sur l’Isle de Jean-Charles au sud de la Nouvelle -Orléans,  une île qui a déjà perdu 98% de sa superficie en raison de la montée des eaux.

Water, l’extraordinaire travail de Ian Berry (Agence Magnum) explore les conséquences du changement climatique le long de grands fleuves et témoigne de l’ingérence de l’homme sur la nature : barrages et irrigations, forages extractions minières et pollution. Un travail en noir et blanc où la construction de l’image loin de poursuivre un souci d’esthétique happe le regard : celui de cette femme hindoue portant un bébé dans ses bras, leurs peaux marquées par l’arsenic, poison absorbé  quotidiennement  par la contamination de la seule fontaine du village.

Des femmes désespérées ou combatives, on en croise encore dans le magnifique reportage de Dimitar Dilkoff (AFP/photo ci dessus) Des deux côtés de la ligne du Front  ou celui de Tyler Hicks (New York Times) Bakhmout une ville en guerre , tous deux consacrés  à la guerre en Ukraine. Des photos emblématiques de ce conflit à nos portes : douleurs de mère ou de fiancées, déchirement du départ et de l’exil. Les photos de quai de gare sont saisissantes.

Jusqu’au 29 /09 des visites libres sont prévues sur rendez-vous  de 9 h à 17h. Renseignements sur le site du Festival. T + 33 4 68 62 38 00. contact@visapourlimage.com

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