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Johann Le Guillerm, irrésistible poète de la gravité

C’est vraiment un spectacle à voir : figure majeure du cirque contemporain, Johann Le Guillerm manipule et transfigure les objets en déjouant les lois de la physique. Enchanteur ! A voir au domaine d’O sous chapiteau du 20 au 22 octobre.

Un certain bouche-à-oreille à Montpellier qui ne trompe pas : l’artiste est vénéré des gens du milieu, et totalement enchanteur quand on le découvre, pour sa manière unique de jouer des éléments matériels amenés sur scène l’un après l’autre.

Issu de la première promotion du Centre national des Arts du cirque, Johann Le Guillerm offre avec son nouveau spectacle « Terces » un travail de mise en scène et de minutie impressionnant. Et pas si simple à décrire. Tour à tour funambule, bricoleur, jongleur, architecte, plasticien, il mène des expériences inédites mêlant jeux d’équilibres, effets de frottements, exploration illusionniste et sens du rythme. Une poésie de la gravité sans guère d’équivalent.

Il arrive dans une sorte d’escargot-mobile tout de bois, coiffé de sa longue et fine tresse, vêtu de son pantalon surplombant son torse et d’une longue veste grise de magicien. L’homme qui a révolutionné l’art du cirque il y a une vingtaine d’années -en 2017, il a reçu le grand prix SACD pour l’ensemble de son travail- est une sorte d’ersatz de Léonard De Vinci qui aurait fait une formation dans la 3D. Il explore la matière et construit sous nos yeux d’incroyables formes : il a cet étrange pouvoir de donner vie à ce qu’il tient entre ses mains.

Avec son cabinet de curiosité dévoilé sous le chapiteau, il joue avec le poids de son corps pour s’unir avec la matière et percer le mystère qu’elle renferme au fur et à mesure de la succession de ses trouvailles, de plus en plus volumineuses. Sa prouesse finale d’équilibriste en appui sur des poutres en est un bon exemple : il paraît se dresser à deux mètres du sol comme par magie, utilisant en réalité seulement une imbrication habile des éléments en bois. Sa gestuelle, le regard fixé sur les objets qui lui font face, évoque une créature vierge, venue d’un autre espace-temps à la découverte d’un environnement neuf.

C’est une traversé un peu folle où tout est rythmé, millimétré, et ponctué de pointes d’humour. Des régisseurs, postés en hauteur pendant tout le spectacle, à l’affût de chaque besoin, naviguent à vue. Son sens de l’équilibre sur-développé frôle carrément le génie. Le travail de son et lumière participe à la création de cet univers si particulier : entre des rampes de lumière qui s’installent de manière autonome autour de la scène et les bruits empruntés à la nature, le spectateur est vite piégé par cette curieuse magie. Un festival d’agencements de la matière qui bouleverse nos perceptions.

Lorsque la lumière s’éteint pour de bon, une question demeure : comment Johann Le Guillerm arrive à faire ça ? Chérissons ce mystère qui transforme l’inerte en vivant !

Terces est à voir au Domaine d’O, 20, 21 et 22 octobre, dans le cadre du festival du cirque contemporain de la Métropole de Montpellier Ekilibr.

Photos Philippe Laurençon.

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