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Un État qui ne fait plus grand-chose pour l’accueil des enfants handicapés mentaux

Bernard Dessimoulie, président de l’Unapei 34, l’association de parents et amis de personnes en situation de handicap mental du département de l’Hérault, écrit à LOKKO pour alerter sur les carences de l’état dans la scolarisation des enfants.

Longtemps, à l’Unapei 34, comme sans doute dans bien d’autres associations du monde Unapei, nous avons cru que l’Etat se comportait de façon indigne avec les enfants handicapés mentaux, dont un bon nombre ne peut intégrer un Institut Médico Educatif faute de places suffisantes, ne peut accéder à une quelconque forme d’éducation, faute de création suffisante de places ou faute de personnel enseignant et de soutien spécialisé…

430 000 élèves en situation de handicap

Et nous avions quelques raisons de le croire. Pensez ! En même temps que l’Etat vante le modèle de l’école inclusive, au plan national 430 000 élèves sont en situation de handicap, 20 000 de plus que l’an passé, et le nombre des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) est notoirement insuffisant, chacun devant s’occuper de 3 à 4 enfants à la fois… lorsque ces enfants sont accueillis à l’école, ce qui n’est pas le cas pour tous : selon une étude menée sur le réseau Unapei, sur un échantillon de 7949 enfants, 18% des enfants handicapés mentaux n’ont aucune heure de scolarisation par semaine, 33% ont entre 0 et 6 heures, 22% entre 6 et 12 heures. Mais ce n’est pas parce que l’Etat ne se comporte pas dignement avec les enfants handicapés mentaux. Il est en fait vraisemblable que l’Etat est atteint d’une forme de schizophrénie.

Un manque de places en IME criant

Le code de l’éducation précise que : « L’éducation est la première priorité nationale. Le droit à l’éducation est garanti à chacun ». Les juridictions administratives ont plusieurs fois mis en cause la responsabilité de l’Etat pour défaut de scolarisation. Le Conseil d’État a récemment jugé (2022) que l’État étant responsable des projets régionaux de santé constitués notamment d’un schéma régional d’organisation médico-sociale ayant pour objet de prévoir et de susciter les évolutions nécessaires de l’offre des établissements et services médico-sociaux, une carence de la part des structures (manque de place notamment) est donc imputable à l’État.

Pourtant, rien ne bouge véritablement, et le manque de places d’IME est de plus en plus criant. Mais ce n’est certainement pas parce que l’Etat ne se comporte pas dignement avec les enfants handicapés mentaux. C’est évidemment parce qu’il souffre de dyslexie qu’il a du mal à lire et comprendre les jugements des juridictions administratives.

L’Etat français condamné par l’Europe

Le Conseil Social de l’Europe a condamné l’Etat français en décembre 2022 pour violation des droits des personnes en situation de handicap : manque d’accompagnement et pénurie de services de soutien, injustices socio-économiques, difficultés d’accès au logement, à la santé, refus de scolarisation, manque de protection sociale des familles concernées… Depuis, il ne s’est rien passé. Mais ce n’est absolument pas parce que l’Etat ne se comporte pas dignement avec les personnes handicapées mentales. C’est évidemment parce qu’il est atteint de troubles du spectre autistique qui provoquent son enfermement, son absence d’intérêt pour autrui, surtout si autrui est handicapé mental, et qu’il répète des mots sans donner l’impression de les comprendre comme par exemple « la transition inclusive ».

Voilà pourquoi nous, association Unapei 34, revenant de notre erreur, faisons acte de contrition pour avoir pu penser que le comportement de l’Etat serait la conséquence de son mépris pour les personnes handicapées mentalement et pour leurs familles. Au fond, l’Etat a juste besoin, pour être réinclus dans notre société, d’être accompagné par une association. Comme l’Unapei ?

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