Guide-conférencière, Pauline Salembier est l’auteure de “111 lieux à Montpellier à ne pas manquer” (*) inspiré par les visites insolites qu’elle organise à Montpellier, et qui croisent autant les endroits connus du patrimoine local que des “perles cachées” avec quelques bonnes adresses privées -galeries, boutiques, librairies etc… Un regard iconoclaste et rafraîchissant sur la ville. 

Le boulet de canon montpelliérain est légendaire : ce détail insolite dissimulé dans un mur de la rue des Etuves date des guerres de religion et du siège de Montpellier la protestante par les troupes du roi catholique de France au cours de l’année 1622.

Au n° 30 de la rue des Étuves se trouve un élément insolite dont peu de gens connaissent l’existence… Au-dessus de la porte se trouve un rond noir intriguant. Ce détail surprenant n’est autre qu’un boulet de canon incrusté dans le mur qui date de 1622, date où les guerres de Religion faisaient rage en France, et notamment à Montpellier. Ce boulet de canon a probablement été envoyé depuis la tour de la Babote lors d’un siège et aurait atterri en haut de la maison. Lors d’un ravalement de façade, cet élément aurait été réinstallé dans le mur plus bas pour servir de témoignage de cet épisode douloureux pour les familles de la ville.

L’histoire de ce boulet est liée au siège de Montpellier par les troupes du roi de France au cours de l’année 1622. Montpellier était alors une ville tenue par les huguenots (surnom donné aux protestants), et Louis XIII, roi de France, voulait rétablir son autorité dans la région et dans cette cité importante. Il l’assiégea depuis l’extérieur des remparts pendant 50 jours, et surveillait ses troupes depuis son quartier général au Mas du consul Étienne Aymeric, vers Castelnau-le-Lez, au nord de Montpellier. Les troupes s’établirent sur une butte, au-dessus de la porte de la Saunerie (anciennement dans la rue de la Saunerie, à côté du boulevard du Jeu-de-Paume).

Le siège fit énormément de bruit et de victimes. Il fut finalement levé grâce à l’intervention de pacifistes qui réussirent à faire cesser les affrontements. Le 20 octobre 1622, les combattants huguenots ouvrirent les portes au roi de France, qui fit une entrée triomphante à Montpellier à travers une haie de gens qui criaient : “Vive le roi et miséricorde !” Si Louis XIII rétablit la religion catholique et son autorité, il sut se montrer clément envers ses opposants, à une époque où, des deux côtés des murs, on n’avait pas pour habitude de faire la part belle au vaincu.

Voir le boulet de canon, 30 rue des Étuves, Montpellier | Transports en commun Tram 3/4, arrêt Observatoire.

(*) “111 lieux à Montpellier à ne pas manquer”, textes Pauline Salembier, photos SAMUEL DUPLAIX édité par Emons Verlag dans le cadre d’une collection de guide de voyages favorisant la découverte des “lieux méconnus, ces petites perles cachées” au cœur des régions et des villes. En vente dans les librairies Sauramps, Fiers de Lettres, Le Grain des mots, La Cavale notamment. 

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