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Après la gratuité des transports à Montpellier, pourquoi pas celle des musées ?

De retour de la Tate Modern à Londres, Françoise Beaussier, membre du Cercle des lectrices et des lecteurs de LOKKO, pose le débat de la gratuité des musées à Montpellier. Les initiatives prises dans ce sens à Paris ou à Marseille ont fait bondir la fréquentation. Un obstacle : le coût d’une telle mesure. Un argument qui était avancé par les détracteurs du tramway gratuit.

Il y a un lieu que j’apprécie particulièrement à Londres, c’est la TATE MODERN, musée d’art moderne et contemporain, ouvert, en 2000, dans une ancienne centrale électrique désaffectée, située au bord de la Tamise. Ce lieu est aussi intéressant par ses collections que par son architecture post-industrielle. Les Londoniens comme les touristes y vont d’autant plus facilement que l’entrée des collections est libre (photo).

12€ le musée Fabre, 8€ le MOCO

Alors, de retour à Montpellier, une question se pose : la Métropole a fait le pas pour rendre les transports en commun gratuits pour ses habitants, pourquoi pas la gratuité des musées pour tous. Actuellement le musée Fabre est gratuit pour les moins de 18 ans de toute provenance, les moins de 26 ans titulaires du pass de la métropole, les demandeurs d’emploi et les minimas sociaux. Le prix d’un ticket à tarif plein pour voir l’exposition temporaire sur Toni Grand est de 12€. L’offre est équivalente au MOCO qui est gratuit pour les jeunes de moins de 18 ans et les étudiants de moins de 26 ans de toute provenance, les plus de 65 ans, les demandeurs d’emploi et les minimas sociaux. Prix d’entrée sans réduction : 8€. Les deux établissements étant gratuits le premier dimanche du mois. Le Pavillon populaire dédié à la photo et la salle Bagouet voisine (création locale) sont gratuits mais ce ne sont pas des musées.

Le musée, lieu de tous les bienfaits

Le musée est un bien public. Mais il possède l’image d’un lieu élitiste et beaucoup de personnes de tous âges n’osent pas y rentrer.  Pourtant, quel plaisir de pouvoir pousser les portes d’un musée régulièrement pour se retrouver face aux œuvres, dans une certaine intimité ! C’est le lieu des passions, passées et présentes.

La confrontation aux œuvres, à la beauté, permet de se sentir mieux, de sortir aussi de ses soucis quotidiens. C‘est aussi une porte ouverte vers la connaissance. D’ailleurs, la muséothérapie se développe. L’art sur prescription médicale est à la mode ; le musée est vu comme un lieu participatif pour promouvoir le bien-être et sortir de l’isolement social. Une opération inédite a été mise en place dans ce sens au MOCO (photo).

Et si dialoguer avec les œuvres et avec les artistes était aussi important que se déplacer dans la ville et autres nécessités de la vie quotidienne ?

Au-delà de créneaux spécifiques (gratuité les 1ers dimanches de chaque mois…) ou des politiques tarifaires, supprimer l’entrée payante des musées permet une meilleure appropriation par les publics, l’ouverture plus large aux personnes à faibles revenus, la lutte contre les discriminations, même si cela n’est pas suffisant. Sans une politique d’action culturelle et de médiation conséquente, les nouveaux publics ne sont pas au rendez-vous.

Des villes s’y sont lancées : la Ville de Paris avec ses musées municipaux depuis 2001. Et pas n’importe lesquels : le musée Carnavalet (photo), le musée de la vie romantique, le petit Palais, le musée d’Art moderne entre autres. Et aussi Avignon en 2018, à Marseille (avec une vingtaine de musées gratuits sauf le MUCEM), Angers et Rennes en 2020. Leur bilan montre que le nombre des entrées s’accroît, sans forcément créer une ouverture vers de nouveaux publics si une stratégie de médiation innovante et accessible à tous n’est pas développée pour donner envie, attirer des personnes nouvelles. Il ne s’agit pas que la gratuité ne profite qu’aux habitués.

De 400 000 à 2,4 millions d’entrées

Une étude du ministère de la culture sur la gratuité d’accès aux collections des musées nationaux pour les 18-25 ans (2019) montre que les trois-quarts de ce public ont été sensibles à l’argument de la gratuité pour pousser les portes du musée et s’y rendre seuls ou à plusieurs.  De même, à Paris, entre 2001 et 2012, la fréquentation des collections permanentes des musées de la ville est passée de 400 000 à 2.4 millions d’entrées. En revanche, les grands musées nationaux, comme le Louvre, n’ont pas suivi pour les publics au-delà de 26 ans : le tarif d’entrée du Louvre est passé récemment de 17 à 22 €…

L’argument utilisé contre la gratuité est le coût du fonctionnement d’un musée. Il a augmenté ces dernières années. Mais cet argument est aussi celui des détracteurs de la gratuité des transports au sein de la métropole de Montpellier. Bien sûr, les gestionnaires ont raison de l’évoquer. Mais toute politique publique nécessite des engagements financiers qui relèvent de la décision politique.

L’éducation artistique et le rapprochement des œuvres avec les publics sont des enjeux de cohésion sociale et de bien-être des personnes.  Alors, pourquoi ne pas lancer l’expérience à Montpellier ?

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