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La nef abîmée de la gare Saint-Roch

BLOG DES LECTRICES ET LECTEURS. La nef de 200 mètres de long de la gare Saint-Roch est le décor involontaire de panneaux publicitaires. Une pollution visuelle qui est le fait de la SNCF. 

Vous la connaissez la grande salle des pas perdus, au niveau haut de la gare Saint-Roch, ouvert en décembre 2014 : une véritable nef de près de deux cent mètres de long, avec des ombrières qui filtrent en douceur la lumière et rythment la vue, un bel espace en ogive dont la légèreté et l’ampleur donnent toute facilité à l’œil et, peut-être, à l’élévation de l’esprit dans cette cathédrale ferroviaire. Ou, plutôt, donnaient.

La beauté du lieu, partagée chaque année par six millions de voyageurs, est, sinon détruite, du moins très abîmée. Près de chaque extrémité de cette agora ont été installés, tout en hauteur, deux panneaux publicitaires de douze mètres carrés, à deux faces et rétro-éclairés, pour leur donner un plein impact. Ainsi le vaste volume qui dessinait une libre perspective est gâché. Il y a des panneaux indicateurs des quais et autres informations, mais de beaucoup plus petite taille et de moins haute implantation.  Là, une certaine ambiance, tout en limpidité, est altérée.

Qu’en pensent les architectes ?

On ignore ce qu’en pensent les architectes du groupe AREP connu comme étant « l’agence des gares » de la SNCF, dont la maison-mère est… SNCF Gares & connexions. On lui doit les principales nouvelles gares françaises à Toulouse, Avignon, Valence, Nîmes, Montparnasse. Arep a exporté son savoir-faire jusqu’en Chine.

On sait qu’en louant ainsi de l’espace publicitaire le groupe SNCF cherche à accroître ses ressources, tout en affichant 1,3 milliard d’euros de bénéfices pour 2023. Sa filiale Gares & Connexions multiplie la création de galeries commerciales et l’ouverture de boutiques dans les grandes gares, à Paris et dans les régions, une stratégie « née de la conviction que les gares sont des lieux de vie à par entière, des villages urbains ».

Impératifs de la transition environnementale et écoute de la demande de beaucoup d’habitants obligent, l’heure est à la recherche de la sobriété de la communication, notamment dans les espaces publics. Les « règlements locaux de publicité intercommunaux », comme celui voté par la Métropole de Montpellier en mars 2021, tendent à diminuer la pollution visuelle provoquée par les grands panneaux. La SNCF semble aller à contre-courant de cet appréciable mouvement.

Alain Doudiès

alain.doudies@orange.fr

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