Après 3 mois d’enquête, la Caisse primaire d’assurance maladie, saisie par la famille, a conclu que le suicide, le 23 novembre 2023, du directeur des collections du centre d’art montpelliérain, le MOCO, était le fait d’un malaise lié à son employeur. Une accusation grave rejetée par la métropole, tutelle de l’établissement, qui a déposé un recours.
Le suicide de Vincent Honoré a été un choc. Le curateur était retrouvé mort à son domicile le 23 novembre 2023, laissant une fille de 16 ans. Le malaise était palpable chez “l’un des meilleurs curateurs de sa génération” comme le qualifiait Nicolas Bourriaud qui l’avait recruté en 2019. Les rumeurs des fragilités, des doutes et difficultés d’adaptation de ce survivant de l’ère Bourriaud étaient alors nombreuses. Il avait postulé dans d’autres centres d’art notamment la collection Lambert à Avignon. Mais finalement, Vincent Honoré, parvenant au terme de son contrat, avait été reconduit à Montpellier par le directeur actuel Numa Hambursin, avec une augmentation de salaire.
Des poursuites de la famille ?
Saisie par la famille, la CPAM a enquêté durant plusieurs mois, rencontré de nombreuses personnes dans l’entreprise, et des proches, et a livré ses conclusions dans un épais document. La jurisprudence indique que le fait que le suicide n’intervienne pas sur le lieu de travail n’interdit pas sa reconnaissance au titre des accidents du travail. C’est le cas ici. Sur cette base, la famille peut engager des poursuites.
La stupeur est totale du côté du MOCO et de la métropole qui a décidé de demander une contre-expertise, estimant que l’enquête avait “un caractère orienté”. S’appuyant sur un questionnaire interne sur les risques psychosociaux au sein de l’entreprise, dont les résultats iraient à l’encontre des conclusions du rapport de la CPAM, et du vote de confiance à Numa Hambursin, à l’unanimité, y compris des représentants du personnel, lors du conseil d‘administration du MOCO du 5 avril dernier, la collectivité a déposé un recours auprès de la commission de recours amiable de la CPAM.
Une direction “versatile” et “autoritaire”
Un article très à charge et très informé du “Quotidien de l’art” est venu ajouter au trouble, en recueillant sous couvert d’anonymat la parole de plusieurs salariés, très différente, qualifiant Numa Hambursin de directeur “versatile” et “autoritaire”. Et de la “stratégie d’effacement” qu’aurait subi Vincent Honoré.
Depuis sa nomination houleuse à la succession de Nicolas Bourriaud, le premier mandat de Numa Hambursin apparaît comme particulièrement compliqué. Toutefois, le dernier conseil d’administration a prévu de le reconduire pour un nouveau mandat de 3 ans en juin.