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Culture : l’ère Delafosse s’ouvre enfin

Covid, recrutements infructueux, services au bord de la crise de nerfs, affaire Bourriaud : la nomination du binôme Juliana Stoppa (à gauche sur la photo) et Anaïs Danon à la direction de la culture met un terme à une année compliquée. Et a pour conséquence le départ de Régis Penalva de ses fonctions de conseiller culturel au cabinet du maire. A Montpellier s’ouvre un grand chantier pour la culture.

 

 

Connaissance du territoire et liens avec le privé

Un parti-pris “original” : Michaël Delafosse a réuni un “binôme complémentaire, réunissant une connaissance fine de l’environnement territorial et du dialogue avec le secteur privé” pour prendre la direction du Pôle Culture et Patrimoine de la Ville et Métropole de Montpellier.

L’experte en environnement territorial, c’est Anaïs Danon, qui est actuellement directrice adjointe de la culture et du patrimoine à la Région Occitanie, où elle a accompagné le lancement du nouveau musée Narbo Via sur la Narbonne antique. A Montpellier, on l’a connue comme directrice de La Panacée. Juliana Stoppa, elle, a été un des piliers de la petite équipe de la Comédie du Livre avant de passer au privé en pilotant la création de la Fondation d’entreprise GGL Helenis au sein du nouvel Hôtel Richer de Belleval, siège du “Jardin des sens” des frères Pourcel. “Par leurs profils complémentaires et leur fine connaissance des acteurs culturels du territoire, Anaïs Danon et Juliana Stoppa vont pouvoir engager la Métropole de Montpellier dans un projet culturel ambitieux, avec un regard novateur”.

Pour cette direction culturelle, l’hypothèse de Fabrice Manuel, grand pro très respecté, a longtemps circulé. “Personne n’a jamais fait autant l’unanimité que lui” note un directeur de festival parmi un de ses nombreux fans dépités par son départ. Mais cette solution en interne a fait long feu. L’ancien directeur de cabinet de Philippe Saurel n’a pas survécu à l’alternance. Tout comme plusieurs figures importantes de l’ère Saurel comme Jean-Louis Sautreau, l’ancien directeur de la culture, Gilles Gudin de Vallerin pour les médiathèques et Nicolas Bourriaud au MOCO.

Un appel à candidatures infructueux

Durant des mois, de nombreuses pointures ont été auditionnées, d’abord dans le cadre d’un appel à candidatures, infructueux, puis par un chasseur de têtes. “J’ai vu beaucoup de monde” confirme Michaël Delafosse, très prudent sur le sujet tout comme son entourage. “Je connais quelques-uns des professionnels qui ont candidaté”, souffle une personnalité majeure de la culture montpelliéraine, “l’un m’a appelé récemment pour me dire qu’il se retirait parce que c’était le bordel à Montpellier”.

Au 8ème étage de l’Hôtel de Ville, on a longtemps privilégié l’hypothèse du retour de Valérie Astesano qui a été directrice des affaires culturelles quand Michaël Delafosse était adjoint à la culture sous Hélène Mandroux. Elle était sur les rangs puis son nom aurait été rayé par le directeur général des services Olivier Nys qui est en train de faire muter l’organigramme très vertical de la puissance publique montpelliéraine, avec pléthore de services étanches, vers plus de “transversalité”. .

Nouveau souffle, peut-être, en attendant cela fait plutôt reconstitution de la ligue dissoute” analyse le chercheur Emmanuel Négrier, l’un des rares à parler librement . Un autre, plus cinglant : “à Montpellier, les appels à candidatures reviennent à placer des proches”. Une analyse qui vise le recrutement de Numa Hambursin à la direction du MOCO, qui ne s’est pas démarqué des usages dans le secteur . Mercredi, après l’annonce de la nomination de sa compagne Juliana Stoppa, coupant court aux prévisibles reproches, Régis Penalva confiait à LOKKO qu’il allait quitter ses fonctions au cabinet du Maire. Pour revenir à la Comédie du Livre ?

L’effet Covid

Pas mal de structures ont souffert des flottements de cette épineuse transition. Au Domaine d’O, c’est une saison 2021/2022 un peu étrange qui a été présentée récemment, proclamant une double ligne sur le théâtre et le cirque mais… sans cirque. Une future direction artistique devrait, là aussi, mettre un peu de cohérence. Et contrarier les ambitions de Jean Varela, le directeur du Printemps des Comédiens sur ce site exceptionnel ? Même dans le street-art, un secteur qui est tout acquis à Michaël Delafosse, on a vu pas mal d’artistes rouspéter en privé de “devoir cagnotter sur KissKissBankBank” afin de se rémunérer pour leur participation à la vaste opération d’affichage “offerte” par l’afficheur Decaux en retour d’une ristourne fiscale. Un loupé ?

S’est ajoutée évidemment la pandémie. Le Covid a paralysé les initiatives, notamment un événement dans l’espace public prévu à l’automne 2020 avec L’Atelline, une structure très en vue. L’indice d’une vitalité à venir dans le secteur des arts de la rue de la part d’un Maire qu’on dit très nostalgique des superbes ZAT, hélas bien dégradées d’année en année, qu’il avait initiées en 2010.

Une séquence qui a toutefois permis de se mettre à l’écoute des acteurs du secteur avec lesquels ont été multipliés contacts et échanges. Et de se former. Les novices Agnès Robin et Eric Penso, élus à la culture de la Ville et de la Métropole, étaient cette semaine en séminaire à Avignon dans ce but.

Il s’agit aussi, au fond, de “ce temps long”, pour reprendre la formule de Michaël Delafosse, nécessaire à la reconfiguration du logiciel culturel montpelliérain. Un “nouveau récit” est à trouver entre la splendeur des équipements issus du frêchisme, un peu datés et autocrates, et l’émergence d’une nouvelle culture plus transversale et plus citoyenne qui échappe en partie au pouvoir public. En ouvrant en octobre prochain les ateliers Tropisme, le fameux tiers-lieu fait mieux et surtout plus vite que la nouvelle équipe municipale qui avait fait de la création d’espaces pour les artistes un des thèmes de sa campagne électorale. Quel sera le grand projet structurant du mandat, la grande idée ? Difficile de le dire pour l’instant.

Ville, Département et Région à l’unisson

La période qui s’ouvre est largement facilitée par la fluidité des relations entre les trois collectivités locales socialistes désormais à l’unisson : “quelques soient les difficultés du moment, c’est un acquis précieux pour le monde culturel. Nos projets ont souffert de la guerre entre Montpellier et la région” confie un de nos interlocuteurs.

Fidèle à ma promesse, maintenant que la pandémie est terminée, on va pouvoir s’atteler à la culture” a annoncé Michaël Delafosse lors de l’inauguration, ce jeudi 15 juillet, du transfert du fonds de la médiathèque Fellini à la médiathèque centrale Emile Zola, donnant le coup d’envoi d’une nouvelle séquence. Dans le monde culturel, le crédit de Michaël Delafosse reste important malgré quelques commentaires acerbes et des inquiétudes feutrées. Pour les jeunes femmes désormais aux commandes, le chantier est énorme !

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