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Projection de l'architecte pour Plaza Beaux-Arts

Plaza Beaux-Arts : un projet séduisant qui questionne

Mix entre le marché du Lez et la Halle Tropisme, le studio Lunaret, l’ancienne salle de sport des Beaux-Arts, devient le Plaza Beaux-Arts. Entre un food-court (une aire de restauration), un toit-terrasse et un espace culturel, ce mini tiers-lieu de quartier relève d’une conception originale mais il cristallise les inquiétudes des commerçants.

Victime de la concurrence des nombreuses salles de sport ouvrant petit à petit en ville, le studio Lunaret était tombé en désuétude. Le lieu intéressait l’enseigne Carrefour qui désirait y implanter un Carrefour Market. Mais considérant que cela aurait entraîné “le déséquilibre du tissu commercial du quartier et notamment des commerces de proximité”, et allant dans le sens d’une pétition des riverains, la mairie s’y est opposée, et a retenu le promoteur Thierry Aznar dont la marque de fabrique est de s’intéresser à l’art : “le mieux à même de faire ce qui est nécessaire sur ce territoire” pour reprendre les mots du maire.

Thierry Aznar est un allié de la nouvelle municipalité. Entre l’homme d’affaires et la maison bleue, un homme fait le lien : Numa Hambursin. Le nouveau directeur du MOCO a été l’ancien directeur artistique de la fondation Helenis que Thierry Aznar a quitté depuis, pour laquelle il a piloté la réalisation des fresques somptueuses de l’Hôtel des frères Pourcel, place de la Canourgue. Et il a fait appel à son ancien patron pour préfigurer la nouvelle fondation du MOCO, destinée à convaincre des mécènes. 

Ici, Thierry Aznar aux côtés du maire, Michaël Delafosse, et de l’architecte Nathalie Guérin, le 13 avril dernier, pour la présentation du projet sur le site.
Ici, Thierry Aznar ( à droite) aux côtés du maire, Michaël Delafosse, de l’architecte Nathalie Guérin, et de Numa Hambursin au fond, le 13 avril dernier, pour la présentation du projet.

“J’aime profondément le quartier des Beaux-Arts et je respecterai ce lieu”, a affirmé Thierry Aznar qui se donne pour mission de créer un tiers-lieu culturel tourné vers l’art, la musique et la restauration (“du genre de la Halle Tropisme que j’aime beaucoup”), en accord avec la dynamique du quartier. Une opération entièrement privée, la municipalité se chargeant d’engager une réflexion sur l’insertion du lieu dans le domaine public. Pour Nathalie Guérin, l’architecte en charge du projet, il fallait pouvoir préserver le bâtiment en l’état tout en permettant à cet îlot entouré de trois rues et placé entre deux places du quartier des Beaux-Arts (les places des Beaux-Arts et Émile-Combes) de s’inscrire dans une dynamique urbaine. Coût de la rénovation : 2 millions d’euros. Ouverture prévue en 2024.

Projection de l'architecte pour Plaza Beaux-Arts

Le “Plaza Beaux-Arts” (nom donné temporairement au projet) sera constitué de 3 étages accueillant des restaurants, des séminaires, des ateliers de cuisine, des concerts, des expositions, un marché de créateurs… Un joyeux croisement très tendance dans un espace gardant la même volumétrie que l’ex-studio Lunaret, soit 800 m² “modernisés” par des garde-corps vitrés, une surélévation du toit et diverses entrées donnant sur les places. Pour les espaces de restauration qui n’ont pas encore été attribués à des particuliers, “le dialogue sera ouvert avec les commerçants du quartier qui pourront décider d’investir le lieu”.

Projet d'aménagement des salles de restauration au Plaza Beaux-Arts

Notre préoccupation en tant que commerçants, elle n’est pas dans votre projet.”

Paré de tous les atouts, éthiques et artistiques, avec la caution d’un maire plutôt du côté des commerces de proximité (il a annulé le projet faramineux du Shopping Promenade qui faisait deux fois Odysseum), et des façades “à la manière des murs peints de la Renaissance” notamment réalisés par la superbe artiste iranienne Nazanin Pouyandeh, le Plaza Beaux-Arts a pourtant suscité une polémique. L’irruption de commerçants du quartier a troublé l’enthousiasme général de la présentation du 13 avril. “Notre préoccupation en tant que commerçants, elle n’est pas dans votre projet” : trouvant ces halles “bien et même très bien”, l’un d’entre eux s’est fait le relai d’une foule de crispations allant de la crainte de la boboïsation du quartier, de la concurrence aux nombreux restaurants déjà existants, à l’accessibilité de la zone aux voitures.

Une série de questions qui seront évoquées le 14 mai, date d’une concertation “Boutonnet/Beaux-Arts” dans le cadre de la démarche “Quartiers apaisés” pour “repenser ensemble une ville à échelle humaine”-. De grandes lettres collées sur le mur extérieur du studio Lunaret ont fait écho à cette prise de parole : “Non aux halles gourmandes pour les riches”

Photos ville de Montpellier, Adnane de Gaultier.

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