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Luna Blue, l’équipage sétois à Buenos Aires

Les Montpelliérains Jean-Luc Tollemer et Sandrine Locci ont décidé de témoigner de la richesse de la planète et de ses océans en allant, en voilier, à la rencontre de leurs habitants. Leur périple jusqu’à Ushuaïa a commencé en septembre 2018 à Sète. La famille navigue à bord du voilier Luna Blu, propriété de la société Carbone-free, partenaire de cette aventure initiée par Planète en commun à Montpellier. Après une étape compliquée en Uruguay, ils ont accosté à Buenos Aires.

 

Cette nuit j’ai rêvé que le Luna Blu s’enfonçait sous mes yeux, dans les eaux épaisses de La Plata. Touché coulé. Fini. Adieu le 47.7 (1). J’hésite sur l’interprétation. Vivre son désir de rupture produirait-il aussi du refoulé ? La fourmi qui siffle la fin de la partie à la cigale ? A moins que ce ne soit la vague de froid polaire (2) qui sème le trouble dans mon petit esprit. Car ici, pendant que certains de nos compatriotes rêvaient d’un grand bol d’air frais, on s’est amusé à faire du brouillard avec notre souffle à l’intérieur du Luna Blu. Un stage d’entraînement au mode refuge, avant la Patagonie. Quand les cristaux de givre fleuriront sur les hublots, on allumera le chauffage. Enfin, quand on en aura trouvé un. Et qu’on l’aura installé (3). En espérant qu’il nous restera d’ici là un peu de gaz (4) pour faire chuchoter la cocotte. Sinon nous serons condamnés aux parillas de chorizo, morcilla, chinchulín y riñon (5) de Ruben et à ses papas fritas. Une expérience sensorielle dont on sort forcément grandi.

Les voiliers ne sont pas faits pour rester dans les ports. Moi non plus. Car dans une ville de 3 millions d’habitants et un yacht club quiché entre La Brioche dorée et le Pain quotidien (6), c’est plus compliqué de vivre qu’au mouillage dans la brousse africaine. Plus cher et moins chaleureux aussi. Pas étonnant que dans le courant d’air de la calle Florida (7), le rire de Tafa, un Sénégalais emmitouflé au pays des empañadas, arrête quelques instants nos pas. Un rire éclatant et franc qui me ramène en quelques secondes huit mois auparavant, sur la route de l’école de Moundé (8). Là où les enfants oublient de remettre leurs chaussures quand ils sont appelés au tableau. Des images d’une Afrique simple et généreuse dont le souvenir suffit à me rechauffer et à me faire oublier mes petits tracas de ménagère angoissée. Un bout de planète attachant où rien n’est rose mais qui a le mérite de continuer à m’interroger sur la mienne. Celle avec laquelle j’ai voulu prendre de la distance, il y a un an déjà. Celle qui me rattrappe des fois et un peu ici dans les beaux quartiers de Buenos Aires. Et qui ravive curieusement au son du bandoneon la flamme de l’Afrique à la hauteur de mes rendez-vous manqués en Uruguay. L’uruguay : une déception que j’aurais sans doute bien aimée engloutir plus rapidement dans les fonds de La Plata. Nous sommes dimanche 7 juillet 2019. Il est 18h42 à Buenos Aires et tout va bien à bord du Luna Blu.

(1) Le Luna Blu est un First 47,7 Bénéteau. 47 pieds soit 14,5 mètres de long.  (2) Buenos Aires vient de vivre ses jours les plus froids de l’année. Un SDF est mort et la ville a fait ouvrir une salle pour héberger ceux qui vivent dans les rues.  (3) Equiper le Luna Blu d’un système de chauffage pour la Patagonie s’avère beaucoup plus compliqué que nous le pensions. Actuellement nous recherchons toujours le meilleur compromis coût/performances. Au port, nous sommes chauffés à l’électricité.  (4) Jusqu’à présent nous avions réussi à recharger nos bouteilles de gaz de 3 litres sans trop de difficultés. Impossible à Buenos Aires. Nous allons devoir changer notre système d’arrivée de gaz. En attendant on a acheté une plaque électrique utilisable au port avec du 220.  (5) Saucisse, boudin noir, intestins et rognons grillés au feu de bois accompagnés de frites fraiches. Si on aime les abats, c’est délicieux.  (6) Deux enseignes, l’une française, l’autre belge présentes à Puerto Madero.  (7) La calle Florida est l’une des rues parmi les plus commerçantes du centre ville de Buenos Aires.  (8) Village du Sine Saloum.

Photo du slider : Puerto-Madero, l’ancien port de commerce de BA réhabilité en quartier touristique résidentiel et d’affaires.

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2 Commentaires
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Astier
Astier
4 années il y a

Salut jean- luc,ancien stagiaire février 2016 joel et paul ,je vous suis régulièrement ,c’est super ce que vous réalisez _

Valérie Hernandez, directrice de publication LOKKO -journaliste-
Administrateur
Répondre à  Astier

En 2016 LOKKO n’existait pas !

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